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Cher Arthur

Cher Arthur

Pubblicato 17 apr 2022 Aggiornato 17 apr 2022 Cultura
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Cher Arthur

Cher Arthur,
Une courte lettre Pour vous décrire mon état d'esprit. 

Je vous écris de ma petite chambre. Une table, une chaise, un lit dur. Une petite fenêtre d'où je peux observer un merisier aux branches nues. Cette petite chambre, les sœurs l’appellent « cellule ». Je ne peux me résoudre à la nommer ainsi. Comme si refuser ce mot faisait ma réalité plus douce.

Après des années, un vie, entourée de bruits et de gens, j'avoue apprécier ces journées de silence et de solitude. J'ai toujours trouvé mon quotidien épuisant. Les craquements des portes, le sifflement du vent, les éclats de voix à la cuisine, les marmites et les plats qui s'entrechoquent. La musique et les chants des grands banquets. Les commérages de mes belle-sœurs et des suivantes. Le croirez-vous, il n'est même pas possible pour une reine de broder sans qu'on la dérange.

Ici, au moins je peux travailler en paix. Je pique, je tire mon fil et je réfléchis.
Plus j'y pense et plus je me pose ces questions : pourquoi m'avoir confinée ici ? Est-ce une faute que d'aimer Lancelot ?

Vous avez toujours su que j'étais proche de lui. Nous avons bien des choses en commun, à commencer par notre amour pour l'hiver. Le bleu, le froid, la glace. L'obscurité. Vous vous moquiez gentiment de nous, vous nous appeliez même les amants du crépuscule. Souvenez-vous. Vous saviez.

Les sœurs me disent que j'ai bien du temps pour la contemplation. Ce n'est pourtant pas l'adoration de Jésus Christ qui emplit mes journées, vous vous en doutez.

Les sorties sont rares, une courte promenade dans le jardin. Quelques arbres et des haies qui cachent l'horizon. 

Pour m'évader, je m'imagine me promenant pieds nus dans le sable. Au pied des falaises. Les vagues sont hautes, déposent des paquets d'écume sur les rochers. J'observe les sternes, leurs petites pattes dans la vase. Le ciel est gris avec des nuages cotonneux, je sens l'odeur des embruns.

Cette lettre est un peu décousue, je m'en excuse : je ne vous avais, jusqu'à ce jour, jamais écrit. Je compte bien progresser. Alors je lis. Des correspondances surtout. J'apprends beaucoup sur les gens, leurs caractères, leurs émotions. Comment il convient d'exprimer ses sentiments.

J'attendrai votre réponse le cœur battant. 

Je vous aime aussi.


 Votre bien-aimée Guenièvre.

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