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Son nom
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Son nom

Pubblicato 7 lug 2025 Aggiornato 7 lug 2025 Crime stories
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Son nom

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Il était déjà mort une fois, dans sa cellule au sous-sol de la prison, là où on enfermait les opposants.

Depuis longtemps il ne sentait plus son corps, affamé, battu, torturé. De sa conscience, il ne subsistait qu’une minuscule étincelle, prête à s’éteindre. Il ne se souvenait même plus qui il était. Quand on a oublié son nom, c’est qu’on est mort.

Ceux qui l’avaient tiré de cet enfer, s’apprêtaient à le jeter sur la pile des cadavres lorsque dans un sursaut, il avait émis un gémissement.

A sa sortie de l’hôpital, il pouvait marcher mais toujours pas donner son nom.

Il ne désirait plus qu’une chose, partir de ce pays où il avait tant souffert pour avoir dit ce qu’il pensait.

Il y avait des années qu’il n’avait pas vu la mer ni un vrai bateau, autrement qu’en rêve quand il s’imaginait embarquer sur un de ces navires de croisière hauts comme des immeubles.

Aujourd’hui, il se trouvait dans une embarcation de quinze mètres de long et en pleine tempête.

Un vent déchaîné soulevait les flots. Une énorme vague s’abattit sur la proue, le pont s’inclina et il glissa. Par réflexe, il ferma la bouche pour ne pas avaler d’eau de mer, s’accrocha au bastingage et se prépara à recevoir le choc d’un rouleau.

Ils étaient une cinquantaine, serrés les uns contre les autres, le visage cinglé par les embruns. Il ne connaissait personne parmi ces gens, des visages haves, des corps squelettiques et mal vêtus, comme le sien.

Ces gens s’employaient à maintenir en place leurs ballots ficelés à la hâte, à calmer les enfants qui criaient de peur, à échanger entre eux des paroles d’encouragement qui se perdaient dans le fracas des vagues.

Des regards se portaient parfois sur lui et s’en détournaient vite. Avec son corps maigre, son visage décharné, mal rasé, portant des cicatrices, tout paraissait mort en lui et peut-être leur faisait-il peur ?

Lui, ne s’occupait de personne, les yeux braqués vers le large.

L’arrivée de la tempête l’avait tiré de sa léthargie.

Le bruit des machines dans son ahanement de pistons couvrait tous les autres : le grincement des tôles, le fracas des vagues contre l’étrave, le hurlement du vent, et les gémissements de ceux qui souffraient du mal de mer et rendaient par-dessus bord le peu qu’ils avaient avalé.

Ce ronflement de Diesels aurait dû les rassurer, c’était la preuve qu’ils étaient enfin partis et se dirigeaient vers des rivages de liberté et d’espoir. Mais il n’y avait pas besoin d’être un mécanicien chevronné pour percevoir que les moteurs cognaient comme un cœur fatigué dans une poitrine d’asthmatique.

Le bateau semblait à bout de forces et peinait de plus en plus à franchir les lames qui venaient s’écraser sur la proue, aspergeant d’eau glacée les passagers sur le pont. Certains avaient tendu des toiles, des draps ou des couvertures pour se protéger. En vain, l’eau avait tôt fait de transformer ces écrans illusoires en éponges.

La Méditerranée n’était pas un grand lac tranquille, comme la plupart le croyaient.

Au début, pourtant, ils avaient navigué sur une mer d’huile sous un ciel dégagé, éclairé par une pleine lune. Mais après deux heures, le vent avait surgi brutalement, amenant des nuages, cachant la lune et secouant le bateau comme un sac de noix.

Et maintenant, les vagues semblaient prêtes à le submerger d’un instant à l’autre. Ce n’étaient pas les cris incohérents du capitaine, hurlant après les quatre hommes d’équipage aux visages aussi apeurés que les leurs, qui avaient de quoi rassurer.

Quand il avait embarqué, il pensait avoir accompli l’essentiel, il ne restait qu’à laisser le bateau le transporter.

Ensuite, serré au milieu de cinquante personnes alors qu’il n’y avait de place que pour vingt, il avait compris que la traversée ne serait pas une simple formalité.

Ce bateau n’était pas fait pour le voyage. Il était vétuste, trop petit pour emmener tant de passagers et doté d’un équipage de pauvres gens comme eux, sans expérience, commandés par un incompétent qui n’avait même pas pris la peine de consulter la météo avant d’appareiller.

Le frêle navire n’était qu’un bouchon jeté dans une marmite en ébullition. Et bientôt, à force de trop pousser, ses moteurs fatigués avaient rendu l’âme.

Où se trouvaient-ils ? Etaient-ils encore loin de la côte ? Ce n’était pas le capitaine qui allait leur dire, il les avait abandonnés, fuyant tout seul dans l’unique canot de sauvetage.

Les hurlements désespérés des passagers livrés à eux-mêmes se mêlaient aux rugissements des vagues. La panique les avait gagnés. Certains s’étaient jetés à l’eau, croyant qu’ils auraient plus de chance de s’en sortir, ils avaient vite coulé.

Puis, un rouleau de dix mètres de haut avait retourné l’embarcation. Il s’était retrouvé dans la mer. Il ne savait pas nager mais il ne voulait pas mourir une seconde fois ?

Se débattant, avalant des gorgées d’eau salée, les yeux aveuglés, il allait s’enfoncer lorsque sa main avait trouvé une planche qui flottait. Il était parvenu à s’y accrocher.

Seule sa tête émergeait à la surface des flots noirs, il ne voyait rien au-delà du creux des vagues. Des paquets de mer s’écrasaient sur lui, brouillant sa vue, envahissant son nez et ses oreilles. Fétu de paille au milieu de l’immensité, il flottait pourtant, mais pour combien de temps ?

Bientôt le froid l’avait envahi. Il luttait pour ne pas fermer les yeux et savait que s’il s’endormait, il ne les rouvrirait jamais.

Malgré l’épuisement, il agitait les jambes avec ce qui lui restait de forces. Il ne voulait pas mourir à nouveau.

Surnageait-il depuis dix minutes, une heure, cinq heures ? Il n’en pouvait plus, prêt à cesser la lutte et à se laisser aller, à mourir pour de bon.

Soudain une lumière avait éclairé un carré d’eau noir, tout près de lui. Il avait levé un bras et hurlé. Ensuite, il s’était senti porté, hissé, enveloppé dans une couverture avant de s’évanouir.

Il s’éveilla en sursaut. On avait heurté son lit.

Il conservait dans le nez l’odeur de mazout et dans le corps, la vibration des moteurs.

Il ouvrit les yeux et la réalité s’imposa : les draps gris, le matelas dur, les murs peints en vert écaillé, la lumière glauque qui pénétrait dans le dortoir par les fenêtres aux vitres poussiéreuses.

–Venez ! Lui dit un homme en uniforme.

Il n’était pas seul dans la salle et reconnut d’autres rescapés du naufrage. Certains dormaient, d’autres récupéraient, les yeux hagards, des enfants pleuraient malgré les efforts de leur mère pour les calmer.

–Venez, répéta le militaire.

Il se leva, tenant difficilement sur ses jambes, flottant dans les vêtements qu’on lui avait donnés : un maillot trop long, un pull aux manches trop courtes et un pantalon trop large dont le bas tombait sur ses pieds, mais ils étaient propres, chauds et secs.

– Où sommes-nous ? demanda-t-il avec les trois mots d’anglais qu’il connaissait, à l’homme qui le précédait dans un couloir.

– Lampedusa, lui répondit celui-ci en s’arrêtant devant la porte ouverte d’un bureau. Il lui fit signe d’entrer.

Il faisait sombre à l’intérieur à l’exception de la lumière émanant de la lampe posée sur la table. Deux personnages en civil s’y trouvaient déjà assis. Tout son corps se serra, la scène évoquait des souvenirs douloureux.

Mais l’un des deux hommes lui fit, d’un geste calme, signe de prendre place sur la chaise qui leur faisait face puis, il ouvrit un mince dossier posé sur le bureau et en tira un formulaire.

Il parla d’une voix douce, dans une langue qu’il ne comprit pas. Heureusement celui qui se trouvait à ses côtés, traduisit la question.

– Quel est votre nom ?

Lampedusa, il se souvint soudain, c’était en Italie. Le soulagement libéra ses muscles.

Alors, sa bouche s’ouvrit toute seule et prononça son nom.

Il n’était plus mort.


#BODNouvelle

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Jackie H verif

Jackie H 3 ore fa

Excellent 👍🏻

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