Seamus est entré avec sa joie de vivre légendaire :

“Jetez l’ancre moussaillon! Le Capitaine vient de débarquer! Bien le bonjour m’sieurs Dames! “

Il a pris Becky dans ses bras en la soulevant de plusieurs centimètres :

“Comment va mon petit joyau des sept mers ? Vous rayonnez chaque jour davantage Miss Whitley! ”

Puis il s’est adressé à Flocky :

“Et toi vieille anguille ?! Toujours planquée sous le tapis du gouvernement en quête d’ADN alien?”

Seamus est un habitué du Holly. Il y passe chaque fois qu’il rentre au port, après de longues semaines en mer. Il est le capitaine du Spinner, un chalutier tout aussi vieux que lui :

“Alors mon gars, qu’est-ce que j’ai manqué pendant que je voguais tel un morse gracieux sur l’onde scintillante de ma chère et tendre ?

— Rien d’exceptionnel Seamus, les jours se suivent et se ressemblent à Fallentown.”

Seamus ne voulait rien savoir du Loop. Ce qui se tramait dans cette “boîte de conserve”, comme il l’appelait, lui était complètement égal. Moins il en savait, mieux il se portait.

“T’aurais vu ça Hopper, l’horizon à perte de vue, pas une tour, ni même un ventilateur à la con. Rien que ma grande bleue. J’ai navigué sur ses longs cheveux, mes mains lui caressant les vagues. Elle adore qu’on lui caresse les vagues. Pour me remercier, après, elle remplit mes filets de poissons. Elle sait se montrer généreuse quand elle veut, faut juste pas trop la chercher.”

Chaque fois qu’il me parle de sa grande bleue, Seamus a des étoiles dans les yeux. Cet homme n’est heureux qu’une fois l’ancre levée, et la ville engloutie par le brouillard. J’aurais dû lui parler du Loop, mais je n’ai pas osé. De toutes façons, il les verra bientôt, en plein jour, les énormes navires de Loop Industry chargés de grands cylindres métalliques qui s’apprêtent à coloniser la mer pour y mener d’obscures recherches.

“Je te sers quelque chose Seamus?

— Oh bah oui ! Attends voir, t’as qu’à me mettre une de tes boissons gazeuses là, et demande donc à Flocky s’il peut me préparer une omelette! Des œufs ! Ça c’est un truc qui manque quand je pars en mer, pas moyen de pêcher une poule, même mouillée ! Hahaha! Alors Becky, quand est-ce que tu embarques avec moi pour le bout du monde ?

— Quand les poules auront des dents Seamus!

— Tu me fends le cœur maudite sirène!”

À suivre