En français on dit :

Elle n’a pas d’imagination

En poésie on dit :

Depuis toute petite, on lui répétait

Que l’excellence scolaire était la clé du succès.

On lui a appris à écrire avant de savoir rire,

A compter avec d’esquisser un premier sourire,

A coder les couleurs avant de les découvrir,

A cataloguer les odeurs avant de les sentir.

Elle est de ces enfants qui ont dû grandir trop vite

Persuadée de faire partie de ces élites

Qui ne pensent qu’en logique mathématique.

Elle a toujours vu le monde avec une précision mécanique

Ces regards de ceux qui, brique par brique,

Construisent leur cœur et leur pensée

Comme on remonte une horloge trop bien réglée.

Le bonheur est une information

La douleur est une imagination.

Ce n’est pas qu’elle ne veut pas s’évader

L’espace d’un instant, dans sa tête trop mesurée.

C’est l’une des rares choses qu’on ne lui a pas enseigné :

Lâcher prise pour se mettre à rêver

Elle a peur, vous savez.

Peur de ne plus correspondre, à ce pour quoi

Elle a été formée.

On pourrait se demander pourquoi

Car il est simple de paresser,

De laisser le temps filer

Comme s’il était illimité.

Mais ces terres inconnues, où elle pourrait se noyer,

Sont les royaumes des révoltés

Qui, fort de leur créativité, se sont dressés

Face aux esprits obtus pour obtenir la liberté.

Ce n’est pas elle qui craint de rêver,

Mais à travers elle, ses parents qui l’ont élevé,

Et leurs parents avant eux, depuis des centaines d’années

Générations de troupeaux, conditionnés

À maintenir ce qui se rapproche de la paix.

Penser est une arme, créer est un combat,

Pour celui qui tremblera

Devant l’artiste qui échappa

A la plus universelle des vérités :

On n’est plus en sécurité

Lorsqu'on sait imaginer