

Chant du commencement, du reflux et de la déchirure
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Chant du commencement, du reflux et de la déchirure
Dans l’utérus obscur du Non-Être,
quand nul verbe encore ne s’est levé sur la lèvre du vide,
il y eut une brûlure, non pas lumière,
mais tension, promesse, vertige de la naissance.
Et ce fut le commencement.
Non pas un jour, mais un embrasement.
Un éclat sans bord, une fracture dans l’Un,
une blessure qui enfanta les heures.
Big Bang
Feu sans tison, cri sans bouche, onde sans rivage.
Une seule syllabe, l’éclair.
Et tout s’ouvrit : les dimensions, les distances, les densités.
Les premières étincelles chantèrent dans la nuit comme les graines d’un alphabet d’étoiles.
Les lois dansèrent. Les forces s’épousèrent. Le néant eut des veines et l’espace, un pouls.
Jet initial, élan hélicoïdal, embrassement du rien par le feu d’être.
L’univers, comme un fruit en maturation soudaine,
exhala ses possibles, ivre de ses propres promesses.
Et l’Infini s’étira, non vers un dehors, mais vers son propre vertige.
Tout fut souffle. Tout fut expansion. Tout fut rêve de matière et d’éclat.
Mais dans l’ombre du premier cri réside déjà la courbure du retour.
Big Crunch
Là où tout converge. Là où la lumière elle-même commence à revenir sur ses pas.
L’univers se fait souvenance.
Les astres, las de briller, retombent dans l’ombilic du temps.
Les galaxies plient l’aile.
Les champs gravitationnels chantent leur requiem.
Grande marée du dedans,
repli du monde dans sa propre cendre.
Un par un, les chants se taisent.
Les distances se contractent.
Les orbites se nouent.
Et l’espace se courbe sur lui-même,
comme une phrase qui veut se souvenir du commencement.
Tout se resserre, se condense, se renomme.
Et dans ce cœur noir,
plus dense que la mémoire des dieux,
l’univers soupire son dernier mythe.
Mais voici que, même ce retour, même cette absorption,
peut être contourné par l’abîme.
Big Rip
L’ultime sentence.
Non plus repli, mais arrachement.
Non plus silence, mais cri sans écho.
Ce n’est pas la fin qui revient,
c’est l’éclatement qui nie le retour.
Les constellations s’effilochent.
Les étoiles, comme fleurs déliées,
se dispersent en pollen de lumière.
Les atomes s’effarouchent, les noyaux se désagrègent,
l’espace lui-même trahit ses attaches.
Le temps ne coule plus : il s’éventre.
Chaque chose devient seule, orpheline, désintégrée,
flottant dans une mer qui ne connaît plus les rives.
Et le chant du monde devient cri muet.
C’est la séparation infinie.
La fission du lien.
Le sacrifice du maillage.
Et pourtant, dans cette valse extrême entre explosion et étreinte,
entre feu et effondrement,
demeure une cadence, une rumeur,
une respiration de l’Être,
comme si l’univers tout entier n’était qu’un immense battement
entre ouverture et fermeture,
entre embrasement et chute,
entre cri d’origine et silence ultime.
Et ce battement, ce souffle inouï :
la danse même de la création.
L’extase cosmique,
où chaque naissance est mémoire d’une fin,
et chaque fin, promesse d’un recommencement.
#Poésie #Poème

