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CHAPITRE 7

CHAPITRE 7

Publicado el 14, sept, 2025 Actualizado 14, sept, 2025 Paranormal romance
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CHAPITRE 7

Le feu crépitait doucement dans le poêle à bois, diffusant une chaleur rassurante dans le salon. Esteban s’était affalé sur le grand canapé d’angle, jambes étendues, une couverture sur les genoux. Il avait passé son lundi à traîner, partagé entre sa chambre — où Paco s’était lancé dans un solo de guitare électrique à la DragonForce — et le salon, squatté par Yorick, qui profitait d’une meilleure connexion wifi.

Eneka, elle, s’était volatilisée dès l'après midi après déjeuner. Elena l’avait embarquée pour une virée entre filles, une de ces escapades dont il était toujours exclu. La nuit tombait déjà, et elles n’étaient pas rentrées. Dans la cuisine, leur mère s’activait, un tablier noué à la hâte sur sa robe de laine, surveillant plusieurs casseroles à la fois.

La porte d’entrée claqua. Esteban n’eut pas besoin de lever les yeux pour savoir que c’était son père. Bottes crottées, vieille veste kaki élimée qui se débarrassa sur le porte manteau, et une odeur de forêt humide dans son sillage. Sans un mot, Lorentzo prit place sur le tabouret près de la cheminée. Paskala, attentive, lui apporta une tasse de café noir, encore fumante. Sa première journée à son nouveau travail, avait été longue, ça se voyait à ses épaules.

Esteban leva les yeux vers lui, un sourcil arqué.

— Alors ? Ça ressemble à quoi, la forêt de Brocéliande ?

Son père esquissa un sourire fatigué.

— Elle est plus dense que je ne l’imaginais. Plus ancienne aussi. Ce n’est pas une forêt des Pyrénées-Atlantiques. Ici... elle semble t'observer de près.

Esteban pencha la tête. Ce n’était pas le genre de son père de se lancer dans des phrases qui frôlaient le mystique. S’il parlait comme ça, c’est qu’il avait ressenti quelque chose.

— Tu parles comme un poète, aujourd’hui, dit-il, un peu moqueur.

Aucun sourire en retour. Le regard de Lorentzo resta accroché aux flammes.

— J’ai rencontré quelqu’un, dit-il.

Un long silence sans suivi. Un de ce qui dérangeait. Esteban se redressa légèrement, observant son père qui fixait les flammes du feu de cheminée, l'air absent, comme s'il réfléchissait. Puis il inspira avant de reprendre :

— Une gamine. Ton âge, peut-être. Des cheveux d’une longueur improbable, d’un blond si clair qu’il paraissait blanc.

Esteban se redressa encore.

— Ah ouais ?

— Je l’ai croisée en plein cœur de la forêt, dans mon secteur. Accroupie, un carnet à la main. Elle observait une plante... que je ne connaissais pas.

— Sérieux ? Toi ? Une plante inconnue ?

— Je ne sais pas tout, répondit Lorentzo sans relever. Elle s’appelait Liora. Elle connaissait mon prénom avant même que je me présente. Et...

Son père hésita. Le regard toujours fixé sur le feu, le front plissé.

— Elle m’a prévenu, reprit-il. Elle m’a dit que la forêt reconnaît les étrangers à leur odeur.

Un froncement de sourcils d’Esteban.

— On dirait une menace, ton histoire.

Lorentzo haussa les épaules, mais son regard s’assombrit. Une ombre nouvelle traversait ses yeux, lourde, indéchiffrable.

— Elle m’a dit que certains chemins ne doivent pas être surveillés, mais respectés. Que ceux qui veulent tout voir, tout comprendre, finissent par se perdre. Et que les rivières, les lacs, les ruisseaux... pourraient m’ensevelir s’ils le décidaient.

Un frisson grimpa le long de l’échine d’Esteban. Pas un frisson de froid. Plutôt une impression sourde que l’eau, autour de Brocéliande, n’était pas ce qu’elle semblait être. Ni décorative, ni passive. Vivante et surtout dangereuse.

Et cette fille, Liora... L’image se dessina d’elle-même dans son esprit : silhouette immobile au bord d’une rive, cheveux blonds dérivant autour d’elle comme des fils de lumière, carnet serré entre ses doigts. Une apparition. Une déesse. Ou autre chose.

Il soupira.

Tu regardes trop d’animés.

Il secoua la tête, chassant l’image. Il avait cette fâcheuse habitude de se laisser happer par ses projections.

Lorentzo s’était tu. Esteban n’aurait su dire si son père cherchait ses mots ou pesait ses souvenirs. Puis il reprit, plus bas :

— Elle a souri. Pas un sourire moqueur. Un sourire triste. Et ensuite... plus rien. Elle a contourné un arbre et... disparue. Comme un fantôme.

La gorge d’Esteban se serra. Ce genre d’histoire le dérangeait toujours, surtout dans la bouche de son père. Il repensa à la créature aperçue près de la maison, la nuit de leur arrivée.

Puis, soudain, un éclat dans les yeux de Lorentzo. Esteban cligna des yeux.

— Tu te fous de moi, hein ?

— Non ? répondit son père d'un œil un peu trop malicieux.

Son rire grave fendit l’air.

— Un peu, oui. En fait c’est la fille d’un de mes collègues, qui s’appelle Gildas. Il me l’a dit par talkie-walkie.

Le soulagement traversa Esteban avant qu’il n’ait le temps de le masquer.

— Tu m’as fait flipper.

Un sourire, rare, flotta sur les lèvres de Lorentzo.

— Ce fameux Gildas gère la partie Est de la forêt. Et sa fille traîne rarement du côté que je gère, mais elle a dû repérer une plante rare. Elle griffonnait dans son carnet, exactement comme ta sœur.

Il but une gorgée de café avant de reprendre, l’air pensif :

— Gildas m’a aussi dit qu’ils descendent d’une lignée de druides. Qu’ils gardent des savoirs anciens. D'après mes autres collègues, avec lui, on ne sait jamais si c'est du lard ou du cochon. Bref il aurait un humour... très particulier. Mais... en tout cas, il a été l'un des premiers à me souhaiter la bienvenue. Alors... Je suppose qu'il est heu... cool ? Comme vous dites les jeunes ?

Esteban se mit à rire et répondit :

— Ouais, il est stylé, quoi...

— On va dire ça, répondit son père.

Il s'étira légèrement, laissant apparaitre ses muscles bandés sous sa chemise de garde forestier.

— En tout cas, Brocéliande a quelque chose d'étrange. Toutes ces légendes autour, n’arrivent pas de nulle part. Il y a toujours un fond de vérité. Tout le monde ici le sait. Nous aussi, on le sait par notre propre nature.

Un frisson remonta le long des bras d’Esteban. Ce n'était pas le fait qu'il soit des loups-garous, mais bien qu'il en avait rencontré une : L’Ankou, cette silhouette croisée dans la nuit, surgit dans sa mémoire.

— Tu as froid ? demanda Lorentzo, remarquant son léger tremblement.

Esteban resserra le plaid contre son menton.

— Juste un coup de frais, répondit-il.

En vérité, il se repliait. Mentalement. Se barricadait. Lorentzo, père loup, avait cette faculté de capter les pensées de ses enfants, pas pour espionner mais pour sentir si quelque chose dérivait. Ce soir, Esteban n’avait pas envie qu’on lise quoi que ce soit en lui.

Lorentzo ne força pas. Il posa sa tasse vide sur la table basse. Le feu projetait des ombres mouvantes sur son visage buriné, et son regard, fixe, hésitait.

Esteban attendit, silencieux. Les silences de son père n’étaient jamais vides.

— Et... j’ai croisé ma nouvelle cheffe, dit enfin Lorentzo. Carmilla de Trécamelot.

Un frisson traversa Esteban. Léger, mais profond. Pas le froid. Autre chose.

— Carmilla ? Celle qui est venue à la maison ?

— Oui. Elle est même ma supérieure directe.

— Sérieusement ? Tu vas l’avoir sur le dos tout le temps ?

Lorentzo hocha lentement la tête.

— Elle gère la réserve. Officiellement, elle s’occupe d’administratif et de relations avec les propriétaires locaux. Mais c’est elle qui supervise les dossiers sensibles. Elle avait aussi assisté à mon entretien final. Je n’avais pas fait le lien. Elle s’était fondue dans le jury. Discrète.

Esteban se tut. Quelque chose en lui s’était tendu, un nœud impossible à desserrer.

— Aujourd’hui, elle était là, assise dans son bureau. Elle m’a souri poliment, demandé comment s’était passée ma première journée. Aucun frisson, aucune pression. Juste... normale. Trop normale.

Il soupira.

— Tu te souviens de ce qu’elle dégageait, à la maison ? Ce froid, cette puissance ? Là, rien. Une femme élégante, professionnelle. Gentille, même. Et ça, ça m’inquiète plus que si elle m’avait grogné dessus.

Esteban hocha lentement la tête. Les créatures les plus dangereuses n’avaient jamais besoin de montrer les crocs. Elles savaient se rendre invisibles. Acceptables. Fascinantes.

La porte d’entrée claqua soudain, laissant entrer un souffle d’air humide et des éclats de voix familiers.

— On est rentrées ! lança joyeusement Elena.

— Enfin, grogna Eneka en posant son sac. Trois heures à sentir des bougies à la cannelle... Je vais en rêver cette nuit.

— Tu dis ça, mais t’en as acheté deux, se moqua Elena.

Le rire monta dans la gorge d’Esteban sans franchir ses lèvres. Il resserra le plaid sur ses jambes. Tout paraissait normal. Familial. Réconfortant. Et pourtant, sous cette façade tranquille, quelque chose grondait. Un danger silencieux. Patient.


La table était dressée, les plats fumants n’attendaient plus que la famille. Chez les Otchoa, le dîner n’avait rien d’un rituel ordonné : c’était une mêlée, bruyante et chaotique.

— Yorick, pose cette foutue console ! gronda Paskala en déposant le saladier de riz au centre. Et arrête de souffler, on dirait que tu es puni.

— Je suis puni ! répliqua Yorick en allant poser sa console un peu plus loin, l’air dramatique. On a dû subir Paco qui jouait du DragonForce toute la journée. Pas une minute de répit !

— Hé ! C’était pas DragonForce ce matin, mais Metallica, rétorqua Paco en fouillant le placard pour attraper la sauce piquante. Et je t’améliore le karma musical, petit frère. Tu devrais me remercier.

— C’est pas du karma, c’est du vacarme, marmonna Yorick en s’affalant sur sa chaise.

— Je suis un peu d’accord avec ton petit frère, lança Paskala à l’aîné.

Esteban esquissa un sourire. Ces échanges avaient un goût rassurant : le bruit, la chaleur, le désordre vivant. Tout ce qu’ils avaient cru laisser derrière eux.

Eneka se laissa tomber à côté de lui, visiblement épuisée par sa virée. Elle pencha la tête au-dessus de son assiette, reniflant à peine le plat.

— C’est quoi, ce truc ? Y a du gingembre ?

— Tofu aux légumes, sauce asiatique, répondit leur mère. Et tu vas en manger. Toi qui fais attention à ton apparence… c’est plein de bonnes choses pour ta peau et la vitalité de tes cheveux.

— Tu dis ça juste pour que j’en mange… grommela Eneka en attrapant la bouteille de sauce soja.

— Écoutez-moi une minute, dit Paskala en tapant doucement dans ses mains pour réclamer l’attention. Il faut aller en ville demain ou après-demain. Vous aurez tous besoin d’un uniforme pour l’Académie de Brocéliande.

— Un quoi ? fit Yorick, soudain paniqué.

— Un uniforme. Ils ont des codes stricts, là-bas. Elena et moi avons trouvé la boutique officielle à Paimpont. Ce n’est pas extravagant, juste des tenues sobres, mais il faut les essayer. Chacun aura au moins trois ensembles.

— Sérieux, ama ? Même nous ? demanda Paco, qui venait enfin de s’asseoir.

— Oui, même les universitaires. Pas pour les cours, mais pour les cérémonies, les oraux… enfin, tu vois.

— Je vois surtout une entrave à ma liberté de m’habiller, feula Paco en enfournant une bouchée de riz.

— Génial…, marmonna Esteban. On débarque en Bretagne et on doit déjà se déguiser en pensionnaires.

— On dirait Harry Potter ! s’enthousiasma Laia, les yeux brillants.

— Ce n’est pas Poudlard. C’est pire. C’est l’Académie de Brocéliande, souffla Esteban.

— Si je dois porter une cravate, je demande officiellement l’asile à un groupe de métal du coin. Et je suis sûr qu’il y en a par ici, ajouta Paco en posant la main sur son cœur, tragique jusqu’au bout.

— Arrête ton cinéma, Paco… Tu es épuisant ! râla Elena. Est-ce que je me plains, moi ?

— Toi, tu n’as pas de code vestimentaire de la muerté ! Répliqua Paco.

Lorentzo, qui s’était enfin rapproché de la table, mit fin à l’escalade.

— Ça suffit, vous deux. Vous êtes les plus grands, pas des gosses. C’est comme ça, vous ferez avec. Ce n’est pas une punition. Si on veut se fondre dans la masse, mieux vaut éviter de faire des vagues dès le premier jour. Et puis…

Son regard glissa vers Paco et Esteban, assis côte à côte. Il les détailla longuement avant de poursuivre :

— Je vous rappelle que nous sommes hors normes. Surtout vous deux.

Un coup de menton désigna leurs silhouettes.

— Vos mensurations explosent la moyenne.

— La tienne aussi... lança Paco un sourire en coin. Je n'ai même pas reussi à te dépasser !

— Mes grands garçons… soupira Paskala. Avec un mètre quatre-vingt-quinze et deux mètres, ça va être compliqué. Demain, après le petit déjeuner, on monte dans le van. Pas de protestation, pas d’excuse. Et personne ne disparaît dans la forêt en route.

Elle accompagna ses mots d’un regard appuyé vers Paco.

Il leva les mains, l’air faussement offensé.

— Moi ? Je suis innocent. C’est la forêt qui vient à moi, pas l’inverse, répondit-il, sourire insolent aux lèvres.

Le rire général qui suivit balaya un instant la tension.

Puis une petite voix s’éleva.

— Ammaaa… moi… moi aussi je serai beau ?

Arno parlait peu, mais quand il le faisait, tout le monde se taisait. Il était celui qui avait le plus de mal à s'exprimer.

— Bien sûr, mon cheri, répondit Paskala avec tendresse. Tu seras adorable.

— Toi, tu seras le plus beau de tous, ajouta Esteban, le bras en extension pour lui ébouriffer ses cheveux châtains clairs.

Arno lui offrit un sourire éclatant, serrant fort son loup en peluche contre lui.

— Ça sera facile pour lui, lança Paco. Il est beau déjà de base… Alors avec un uniforme !

— Pour les petits, ce sont des survêtements, précisa Elena.

Elle surgit avec un prospectus plié en trois, le brandissant comme une preuve.

— C’est la boutique officielle.

Tous se penchèrent. Laia grimpa sur sa chaise pour mieux voir. Yorick grimaça en découvrant son futur uniforme. Eneka fronça les sourcils. Esteban, lui, se recula, le prospectus brûlant ses yeux.

— C’est pas possible… Je vais être déguisé, lâcha-t-il.

— Moi ! Moi ! Là ! s’exclama Arno en tendant les bras vers le papier.

Paskala le souleva pour l’asseoir sur ses genoux. Paco, dans un soupir dramatique, se recula jusqu’au fond de la pièce, hors du champ de bataille.

Le petit pointa du doigt un jogging vert sapin, orné d’un arbre doré cousu sur la poitrine.

— C'est... c'est pour moi ? demanda-t-il, les yeux ronds.

— Oui, p’tit loup. C’est le tien, répondit Eneka avec un sourire doux.

Arno applaudit de ses petites mains, ravi.

— Au moins, y en a un qui est enthousiaste…, murmura Paco, sourire en coin.

— Il a meilleur caractère que toi, répliqua Elena, tranquille.

— C’est le plus sauvage d’entre nous, ajouta Yorick, blasé.

— Lui ? Sauvage ? Je te rappelle que tu passes ta vie collé à tes consoles, moqua Eneka.

— Ho, ça va, madame la perfection, grogna Yorick.

— Hé !

— Ho ! Ça suffit, les piques !

La voix grave de Lorentzo roula dans la pièce. Le silence retomba aussitôt.

— Bien. On finit de manger. Et pour certains, l’heure du coucher ne va pas tarder.


Le dîner était fini. Les aînés débarrassaient à leur rythme. Paco, avec une playlist dans les oreilles. Elena, elle, chantonnait un air de musique classique. Yorick râlait sur sa console, furieux d'avoir raté un combo. Laia, concentrée, dessinait des licornes au marqueur sur une feuille volante. Le feu crépitait encore dans la cheminée. Eneka avait accompagné leur père dehors pour le dernier café du soir.

Esteban s'était affalé dans le canapé, en prévision d'un rituel né doucement, sans qu'ils le décident, depuis les trois ans d'Arno.

Un soir, il était rentré d'une séance particulièrement difficile avec leur ancien chef de clan, et il s'était effondré sur ce même canapé, en sanglots silencieux. Ses parents avaient tenté de le réconforter. Mais c'était Arno — trop jeune pour comprendre ce qui se jouait — qui, avait réussi à l'apaiser, juste en lui tendant sa peluche loup, pour la lui prêter. Puis il s'était blotti tout contre lui. Une chaleur bienvenue. Tout s'était fait dans le silence. Doux. Rassurant.

Esteban avait craqué, encore une fois. Ne comprenant pas pourquoi ce petit frère, un être si fragile, avait réussi à le tirer hors de sa torpeur. Depuis ce soir-là, Arno revenait chaque soir. Et ce câlin était devenu leur chose à eux. Un moment très particulier.

Paskala l'amena par la main jusqu'au salon. Même si le danger était loin maintenant, Arno avait demandé à continuer le câlin du soir. Pour lui. Pour eux.

Il s'approcha sans un mot, grimpa sur le canapé à côté d'Esteban qui l'attendait. Sans hésiter, il se glissa dans ses bras, attrapa son pouce et le porta à sa bouche pour le sucer frénétiquement, les yeux déjà à moitié clos.

Paskala sourit en les regardant, puis s'éloigna à pas feutrés, rejoignant son mari et sa fille dehors.

Le silence d'abord. Puis Esteban chuchota :

— Tu veux que je te raconte l'histoire du loup-danseur ?

Arno hocha la tête contre son torse.

Alors il inventa, à mi-voix, une fable absurde et douce. Un loup aux grandes pattes maladroites qui voulait danser dans la neige sans laisser de traces. Arno ne suivait pas tout. Il fronçait les sourcils quand quelque chose le perdait, riait en soufflant quand une phrase lui plaisait. Il ne demandait jamais qu'on répète. Il gardait. Et surtout, il écoutait avec le corps.

Quand la voix d'Esteban se fit plus lente, plus basse, Arno se redressa légèrement.

— Pas dormir ici..., grogna-t-il.

— Non. Tu iras dans la chambre de ama et aita, comme d'hab', dit Esteban.

— Mais... toi. Tu portes.

— Je te porte.

Arno hocha la tête, satisfait. Puis il se recoucha contre lui, plus lourd déjà. Sa respiration ralentissait. Ses doigts se relâchèrent un par un, jusqu'à ne plus avoir de prise sur Esteban.

Dans le halo doré du feu, le canapé était devenu tanière. Et Esteban, désormais, un rempart.



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