Chapitre 2 – La bibliothèque de Mansfield House

Lors de sa première visite, Joshua avait eu un coup de cœur pour le bureau de Horace Pingsley. Une vaste étendue de rayonnages, de bois et de tapis hors de prix qu’il connaissait déjà un peu au travers de trois photographies soigneusement rangées dans un coffret, dans la maison de son enfance. Mais les images figées ne lui faisaient pas honneur. Cette pièce avait tout du refuge de l’écrivain. Une chaise confortable attendait son propriétaire derrière l’imposant bureau, l’une de ces vieilles lampes promptes à éclairer la machine à écrire qui reposait sur le sous-main de cuir. Une odeur de cire flottait dans l’air, prise au piège du temps. Celle de la poussière s’y mêlait pour former un tout qui évoquait à Joshua la tranquillité avec laquelle la vie s’écoulait entre ces murs. Des livres à profusion pour occuper les longues soirées d’hiver, devant la cheminée, dans l’un de ces deux fauteuils de tissus aux accoudoirs finement ouvragés. Un toit, et l’assurance d’écrire au chaud ces innombrables romans qui, aujourd’hui encore, faisaient le bonheur des lecteurs.

Joshua avait lu quelques-uns des livres de Horace Pingsley, mais le savoir l’oreille attentive à ces prétendues voix qui lui dictaient ses romans... ça lui faisait quelque chose. Ce n’était pas là l’image qu’il avait de lui par le biais de ses photographies. L’homme derrière la porte était différent des portraits que l’on publiait de lui.

Pensif, Joshua caressa le bureau du bout des doigts, comme s’il craignait de profaner la mémoire de son ancien propriétaire. Il n’aimait pas les histoires de fantômes et préférait croire que Horace Pingsley aurait vu cet achat comme