

Le corps de mon père
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Le corps de mon père
Et un jour son souffle ne s’est plus échappé de ses lèvres fines. Ce souffle chaud de vie qui me caressait le visage à son approche ou la peau de ma joue lorsqu’il posait un baiser sur ma joue. Je lui tenais la main encore et le relâchement de ses doigts m’a fait soudain frémir. Cette vie écoulée brusquement, dans le vide du temps et de l’espace. Ses yeux encore ouverts, dont j’ai pris soin, main tremblante, de refermer les paupières pour l’éternité. Mais comment peut-on parler d’éternité alors que ce corps encore chaud, sera tiède puis froid comme de la pierre sans soleil, alors que le sang ne s’écoulera plus jamais dans les veines bleues, que les organes ne serviront plus et que l’odeur de pourriture fera place à l’odeur de la vie et du sang chaud, alors que le cœur a cessé ses battements réguliers qui permettent les belles émotions humaines, l’amour comme la peine… ?
Il ne m’a jamais dit Je t’aime. Moi non plus. Le savait-il que je l’aimais ?
Et déjà le bruit pesant du silence, chaque craquement des murs plus perceptible, la goutte d’eau du robinet de l’unique lavabo, le dernier goutte à goutte des tubes qui le maintenaient en vie et l’électrocardiogramme qui dessine cette dernière ligne droite parfaite, comme son départ vers, je l’espère, un monde meilleur, et cette alarme assourdissante qui fait accourir l’infirmière… Le bruit ensuite du silence… Mes pleurs, mes larmes chaudes sillonnant mes joues pâles jusqu’à mes lèvres qui sentent le sel. Ma langue qui s’en imprègne machinalement.
J’enfouis ma tête contre son bras déjà raidi, encore son odeur d’homme, de père, malgré tout. Je souhaite ne plus jamais m’en défaire, l’imprimer en ma mémoire. Et ma complainte se noie et s’étouffe dans le tissu blanc, affreusement blanc. Comme un appel de paradis ou de l’au-delà si on ne se sait pas où l’on va. Un rayon de soleil strie la pièce et vient se poser sur le front de mon père. Mais il ne se réchauffe pas. Je maudis ce soleil d’être là pour rien ou bien d’arriver trop tard. Papa…
Mon corps se vide à mon tour de mes pleurs trop nombreux. Il se secoue. Je hoquette. J’ai si mal. Si…mal. Je me moque de mon rimmel qui me colle un masque d’horreur sur le visage, de mes yeux qui se gonflent comme si je me transformais soudain en un monstre répugnant. Je regarde, attentive et perdue, le visage de mon père, apaisé. Ses joues sont creuses. Mais ses lèvres semblent dessiner un sourire vainqueur. Je souris à mon tour de cette vision inattendue. J’aurais envie de hurler Tu l’as eu, putain, tu l’as eu !! Mais aucun son ne sort de ma bouche.
L’infirmière tournoie autour de moi, discrètement. Elle prend des notes, a débranché des appareils. J’ai eu envie de l’en empêcher et qu’elle cesse son manège qui n’avait rien d’enchanté. Elle ne savait rien de mon père. Elle ne savait rien. C’était un farceur. Il me faisait ici sa énième blague et il allait se réveiller
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