Dernier chapitre : L’arrivée des héros.

Cette interminable journée touche à sa fin, riche en aventures et en succès pour

la Révoltruffe.

À quelques kilomètres de la base Spectror, il y a en effet un port ; c’est le seul

qui appartient à la Révoltruffe. Il n’est pas très grand et peu de bateaux y sont

amarrés. Ce ne sont que de simples bateaux de pêche, pas le moindre navire de

guerre. Dès que l’énorme sous-marin arrive et émerge, la différence de taille est

flagrante.

Pendant leur long voyage en mer, chaque Canin a pu dormir dans le sous-marin.

Personne n’a eu le mal de mer, sauf les prisonniers félins. Les cinquante dernières

aéro-niches intactes sont revenues en volant. En arrivant à Spectror, les pilotes

empruntent une plateforme qui leur permet de rejoindre les passages souterrains de

la base. Après l’amarrage du sous-marin, tous les Canins descendent tour-à-tour sur

une passerelle, afin de rallier un autre passage souterrain. L’Amiral Cabos entre le

premier dans le tunnel, suivi de toute la Révoltruffe en file indienne.

Un peu plus tard, tout le monde arrive enfin à destination. Devant les bâtiments

de Spectror, les quelques Canins restés pendant la mission accueillent leurs héros.

Un tonnerre d’applaudissements résonne dans toute la base souterraine, accompagné

de cris de joie et de félicitations. Au beau milieu de toute la foule, un pupitre et un

petit micro attendent le chef de la Révoltruffe, qui s’y rend aussitôt. Après une

grande inspiration, l’Amiral Cabos déclare :

- Merci à tous pour cet accueil. C’est très touchant.

Il appuie sur un bouton et l’hymne de la Révoltruffe retentit. D’un ton solennel,

berger allemand annonce :

- C’est une journée qui restera à jamais gravée dans l’histoire de la Révoltruffe.

Aujourd’hui, le monde d’Ethélys retrouve un certain équilibre. Suprêmiaou, ce tyran

mégalomane, est enfin éliminé pour de bon. Sa très chère « Forteresse Suprême »

est en ruines. Bien entendu, aujourd’hui, nous n’avons pas vaincu les félins. Loin de

là ! Mais nous avons terrassé leur chef et, désormais, ils forment un gigantesque

peuple désordonné. Si nous n’avions pas capturé le Colonel Firat, son bras droit, il

se serait enfui et aurait sûrement pris le pouvoir ! Ce qui est certain, c’est que nous

surpassons l’ennemi, tant qu’il est divisé. Une niche divisée ne tient pas sur ses

fondations.

» Bien entendu, cette mission n’a pas été sans conséquences. Durant la bataille,

près de trente soldalmatiens ont perdu la vie. D’autre part, une soixantaine d’aéroniches a été détruite, soit la moitié de notre flotte aérienne. Vous allez me dire que

ce n’est que du matériel. Mais non : chaque aéro-niche renferme un pilote et parfois

un artilleur aussi. Encore heureux, aucun soldat n’a été gravement blessé.

» Retenons le plus important : ces

nombreux sacrifices n’ont pas été vains.

Je félicite chaque Canin pour sa

bravoure et sa ténacité durant ce long

combat. Sans notre célèbre

Commandentier, les pertes auraient été

bien plus nombreuses. Le Général

Cocker, notre plus grand stratège, a

apporté des solutions simples à des

problèmes complexes. À présent, je

vous demande d’applaudir nos deux

grands héros : Falcon-Dog et Mentalos !

Un peu timides, les deux superchiens rejoignent l’Amiral Cabos, au

milieu de tous ces Canins qui applaudissent.

- Grâce à vous, reprend le chef de la Révoltruffe, notre organisation connaît un

grand changement. Sans vos superpouvoirs, votre courage et votre intuition, cette

mission hautement importante ne se serait sûrement pas passée ainsi. Au nom de la

Révoltruffe et du peuple canin, je vous remercie sincèrement pour tous les

services inestimables que vous avez rendus !

Touché, Falcon-Dog ne peut retenir une petite larme. Le regard affectif de son

ami Mentalos semble lui dire : « Moi aussi, je vais craquer… »

Acclamés par toute la Révoltruffe, les deux super-chiens lèvent les pattes, ce qui

soulève une vague d’applaudissements. Soudain, Falcon-Dog repère son ami Billy

dans la foule, fou de joie. Il repense ensuite à une de leurs discussions et chuchote

quelques mots à l’Amiral Cabos. Ce dernier hoche la tête et déclare :

- Du calme, s’il vous plaît. (Le silence se fait, peu à peu.) Falcon-Dog souhaite

vous dire quelque chose…

- Merci à tous, commence le golden retriever en prenant place au pupitre. Avec

mon ami Billy, nous avons eu une idée.

L’intéressé n’en croit pas ses oreilles : son ami vient de dire son nom devant toute

la Révoltruffe !

- Cela concerne l’entraînement des chiots. Je pourrais essayer d’apprendre à des

jeunes chiots certaines capacités, voire même les aider à devenir des super-chiens !

L’idée surprend la plupart des Canins, qui préfèrent rester silencieux. FalconDog comprend que son public n’est pas conquis par cette proposition. Très intéressé,

Mentalos s’approche de son ami et déclare :

- Je trouve que cette idée est géniale. D’ailleurs, moi aussi, je ferai partie des

« enseignants ». C’est vrai que la Révoltruffe manque de super-chiens. Ce serait très

utile, de former des chiots dès leur plus jeune âge. En tout cas, je suis avec toi,

Falcon-Dog !

- Merci beaucoup ! s’exclame le golden retriever. Et vous, Amiral ?

Un peu en retrait, le berger allemand ne s’attendait pas à cette idée. Malgré ses

doutes, il hoche la tête et accepte la proposition. Cabos reprend ensuite sa place au

pupitre et conclut :

- Dès les prochains jours, les chiots volontaires s’inscriront à nos programmes

d’entraînement pour super-chiens. Ils seront donc aidés par Mentalos et Falcon-Dog.

(Sans se retenir, le berger baille et s’excuse aussitôt après :) Pardonnez-moi, mais la

fatigue me guette. Ce n’est pas dans un sous-marin que l’on dort convenablement…

J’invite tout le monde à aller se coucher après cette journée intense. Un buffet est

prévu pour demain midi, afin de fêter ce jour glorieux pour la Révoltruffe ! Dormez

bien, très chers Canins, vous l’avez tous amplement mérité.