

L'homme qui ne sait pas
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L'homme qui ne sait pas
1.
Étrange personne que cet homme qui avançait d’un pas mal assuré. Il ne semblait pas très sûr de lui, et pourtant, avec un certain affront, il insista auprès du secrétariat pour que le psychologue puisse le prendre immédiatement….
Bien entendu, cela n’était pas possible. Il se dirigea tout de même vers la salle d’attente.
Son attitude en étonnait plus d’un, il semblait tellement hagard (et puis il allait attendre pour rien) qu’un des patients finit par lui demander :
« Mais pour quelle raison êtes-vous là ? »
- Je ne sais pas
- Comment ça, vous ne savez pas ?
- Justement, je ne peux pas vous répondre, puisque je ne sais pas.
- Dans ce cas, rentrez chez vous.
- Je ne sais pas.
- Vous ne savez pas quoi ? vous ne savez pas comment rentrer chez vous ?
- Non je ne sais pas si je dois rentrer chez moi
- Et pourquoi ne le sauriez-vous pas ? >>
C’est à ce moment précis que le psychologue entra dans la pièce.
L’homme le dévisagea avec insistance
« Docteur, il faut absolument que vous me preniez moi en consultation, le plus rapidement possible.
- Mais vous n’avez pas rendez-vous, et pourquoi vous prendrais-je ?
- Je ne sais pas
- Vous ne savez pas… mes patients attendent, rentrez chez vous s’il vous plait.
- Vous ne comprenez pas, je viens parce que je ne sais pas.
- Mais vous ne savez pas quoi ?
- Justement, je ne sais pas. C’est pour ça que j’ai grandement besoin de vous. >>
Le psychologue avait donc affaire à quelqu’un qui ne savait pas ce qu’il ne savait pas.
D’une certaine manière, le cas l’intéressait.
« Écoutez, quand j’ai fini ma journée, après tous mes patients, je vous prends, cela vous va ?
- Je ne sais pas
- Euh, bon, on va dire que oui.>>
2.
Le psychologue observa son nouveau patient, cet homme qui ne savait pas.
« Monsieur, nous devons commencer. Il va falloir être précis pour pouvoir résoudre de souci majeur de non-savoir. Vous dite que vous ne savez pas. Et vous ne savez pas ce que ne vous savez pas. On va donc prendre le problème à l’envers : Que savez-vous ?
- Je ne sais pas
- Ah, donc ça aussi, vous ne savez pas ce que vous savez. Vous ne savez donc rien
- Ca, je ne sais pas non plus. Il est possible que je sache des choses, mais le souci c’est que je ne sais pas si c’est le cas.
- Vous ne pouvez pas ne rien savoir. C’est impossible. Déjà vous savez pourquoi vous êtes la
- Oui : parce que je ne sais pas
- Oui mais vous savez au moins ça, le fait que vous ne savez pas. Vous savez donc que vous ne savez pas, et ce qu’il faut savoir, c’est qu’est-ce que vous ne savez pas exactement.
- Voilà, je savais que vous pourriez m’aider
- Ah une chose en plus que vous savez donc, on progresse.
- Oui.
- Vous savez au moins que nous vivons sur la planète Terre
- Oui
- Que nous sommes des êtres humains vivants
- Oui.
- Vous connaissez…
S’ensuivit une foule de questions pour lesquelles la réponse était toujours ‘oui’
- Je pense que vous savez plein de choses
- Oui
- Donc vous ne pouvez pas dire que vous ne savez rien
- Oui, vous avez résolu ce problème. Mais alors, qu’est-ce que je ne sais pas ?
- Vous ne savez pas ce que vous ne savez pas, cela reviendrait-il à dire qu’il n’y a rien que vous ne sachiez pas, et que vous savez donc tout ?
L’homme afficha un grand sourire
- Voilà , vous avez trouvé . Je suis un puits de science qui sait absolument tout, c’est pour cela que je ne peux pas savoir ce que je ne sais pas. Vous m’avez guéri docteur
- Connaissez-vous l’hypothèse de Riemann ?
Grande hésitation
- Vous voyez, personne ne peut tout savoir. C’est impossible. L’hypothèse de Riemann est une énigme mathématique non résolue à ce jour.
- Je pense que vous avez mis le doigt sur ce que je ne sais pas.
- Monsieur, il y a forcément plein d’autres choses que vous ne savez pas
- Vraiment ? Je suis très déçu. Maintenant que je sais qu’il y a des choses que je ne sais, je préférais quand je ne savais pas…
Ah parfois, mieux vaut ne rien savoir…

