- Oui je suis très bien installée, je t’assure. Ce matin je suis allée découvrir le quartier. J’ai fait un marché et tu veux savoir quoi? J’ai même acheté des plantes pour mes rebords de fenêtres. 

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- Que je te décrive? Tu verras quand tu viendras.

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- Ok, alors le salon donne sur la grande rue, la chambre et la cuisine sur la cour. C’est très joli tu sais, il y a une sorte de petit jardin privé. Tous les résidents y installent des fleurs, des chaises. Je pense que cet après midi je vais aller y lire un moment. En face il y a un mec qui vit. Il doit avoir dans les 30 ans. 

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- Si,si,  je suis toujours là. Mais je dois y aller. On se rappelle dans la semaine, d’accord maman? Je t’embrasse. 

Non mais attends, le mec il s’est installé une salle de sport chez lui? Carrément. Alors Monsieur Thibault, tu es du genre quoi toi? Abdos pompes à fond je suis sûre! Ah ben non! Hmmmm finalement tu caches ton jeu. Un yogi. Whaou jolie souplesse. Ne te retourne pas, je fais le point sur la déco. Il y a de jolies choses mais c’est un peu le bazar quand même. Je te croyais plus ordonné que ça mon garçon. Toi qui étais si bien âpreté pour faire le marché. Où alors c’est un genre que tu te donnes. On gratte la surface et hop…Ça sent la clope! C’est le vieux d’hier soir. Le comédien. C’est vraiment beau chez lui. On dirait que c’est traversant. Incroyable la clarté dans cette pièce. Il a l’air triste. Il n’est pas rasé, il doit déprimer. Ça expliquerait qu’il soliloque à quatre heure du matin. Pourquoi parait-il si malheureux? Ses yeux fixent le sol dallé de la cour. C’est étrange, je ne le connais pas et j’éprouve une grande tendresse. J’ai envie de l’interpeller et de lui proposer de descendre. On s’installerait sur une de ces chaises en fer blanc et on discuterait. Il doit aimer la littérature. Forcément pour un comédien.