En voulant écrire les messages de Haloha ce matin, j’ai ressenti une contraction, quelque chose en moi qui me retenait, qui avait peur et m’incitait à repousser à plus tard.

Alors, j’ai pris le temps de me connecter à son énergie et, j’ai entendu « il est temps ».

Les larmes sont montées, un espace s’est ouvert.

Dans une prise de conscience fulgurante, j’ai réalisé que repousser ce moment c’était garder Haloha en vie.

Tous mes animaux me touchent énormément mais Haloha, elle, elle me bouleverse par sa sagesse, sa présence, la puissance de ses messages.

Cette croyance a émergé « si j’écris, Haloha aura rempli sa mission au travers de notre relation et elle

partira ».

Haloha a 13 ans ½ et je sens depuis que nous sommes ici qu’elle s’installe dans une préparation à son propre départ et à notre séparation physique. Elle se préserve aussi beaucoup physiquement, c’est comme si elle me laissait le temps de formuler la justesse de ce qu’elle me veut me transmettre avant de partir, même si je sais que d’autres messages viendront après.

Elle m’incite à ralentir et à prendre soin de moi au travers de ses comportements. Elle l’a toujours fait avec le flegme qui est le sien. Combien de fois j’ai lu dans ses yeux, entendu dans ses soupirs : « Quand est-ce que tu t’arrêtes, quand est-ce que tu te poses ? »

Haloha a changé de rythme depuis que nous sommes ici et semble avoir changé ses priorités.

Alors qu’avant, elle se montrait plutôt indépendante, aimant s’isoler dans une chambre pour se reposer et aller balader tous les jours. Désormais, elle reste présente auprès de nous et rechigne à aller promener.

C’est comme si elle m’incitait à être-là, à ne plus fuir à l’extérieur.

Je ressens qu’elle ne fait pas que me préparer, que c’est toute notre famille qu’elle semble préparer. Elle accepte la présence contre elle de mes deux autres chiens alors qu’avant elle avait tendance à la refuser.

Elle choisit des moments dans la journée pour se blottir contre moi, ce qu’elle ne faisait pas avant sauf lorsque j’en étais à l’initiative et ça ne durait jamais longtemps.

Quand je vais faire brouter les chevaux, elle se couche à mes pieds ou se colle à ma jambe.

Je la ressens dans une présence plus enveloppante, plus maternelle à notre égard.

Haloha est née dans un élevage de chiens guides d’aveugles. Elle a été réformée à 18 mois parce qu’elle était devenue coprophage rapidement après avoir été intégrée à l’école à temps plein. Elle a exprimé son stress de l’enfermement en chenil et sa détresse face à la perte de ses repères en famille d’accueil.

Son histoire m’avait beaucoup touchée et fait écho à la mienne. Je m’y suis reconnue, en miroir - Dans cet ancien profond mal-être à être enfermée en moi-même, à stresser dans des lieux exigus, et la peine ancienne de ne pas avoir eu dans l’enfance une famille sécurisante à mes côtés.

J’ai adopté Haloha après sa réforme et les débuts de notre relation ont été extrêmement difficiles et éprouvant émotionnellement pour moi : elle ne m’écoutait pas, me tenait tête.

Haloha ne m’a pas montré sa sensibilité au début, elle m’a montré la force de sa stabilité intérieure. Elle ne m’écoutait pas lorsque je formulais des demandes sur le ton de l’injonction. A l’époque, je n’avais la connaissance que j’ai aujourd’hui du « comment » construire une relation profondément respectueuse avec un chien.

Sa non-écoute venait me toucher dans ma valeur, je me sentais « nulle » « incapable » face à elle et la croyance « je n’y arriverai jamais » bouclait dans mon esprit.

Malgré le flot de mes émotions, Haloha ne lâchait pas, elle ne s’est jamais pliée. Elle est restée elle-même.

Son attitude m’a fait l’effet d’une grande gifle, d’un tremblement de terre intérieur qui a fait exploser la carapace que j’avais mis 40 ans à construire en moi et autour de moi.

Elle m’a montré que la Sagesse n’a pas de but, celui d’obtenir l’amour, la présence de l’autre. On n’est pas sage pour être accepté des autres, on est sage parce que c’est notre essence profonde, nous l’avons tous en nous.

La sagesse vue sous cet angle est l’envers de la peur. Cette sagesse est l’expression de notre nature authentique, celle qui ne juge pas, celle qui accueille dans l’amour inconditionnel quel que soit ce qui est exprimé, qui élève l’autre vers plus d’amour, de compassion, de respect vis-à-vis de lui-même.

Au travers de notre relation, j’ai compris que la petite fille que j’avais été et que je portais encore en moi, gentille, sage et silencieuse pour éviter les cris, la terreur, le rejet, mériter l’amour s’était trompée de sagesse.

Celle-ci ne lui permettait pas d’être au monde comme elle y aspirait.

Elle la maintenait en tension dans tout son être, dans un conflit intérieur entre cette sage-là et l’autre sage, celle qui a de la hauteur, une vision équilibrée, cette sage ancrée dans sa présence qui a accès à la compréhension intuitive de la vie.

Dans une communication animale, Haloha avait répété plusieurs fois à la communicante « un jour, elle comprendra ». J’ai mis quelques années à comprendre la profondeur de ce message.

Haloha n’a de cesse de me ramener dans mon ancrage, ma présence à cette partie de moi qui se confronte à elle et aux autres, cette autre qui fuit les autres et se fuit, me montrant au travers de tous ses comportements que malgré l’existence de cette part en moi et de tout ce qu’elle exprime, je ne perds pas son amour et que si ces parts font parties de moi, il y a une autre sage que je peux choisir d’incarner maintenant, pleinement.

Elle m’a montré aussi que la sensibilité n’est pas un « défaut de fabrication » mais une force que je peux mettre au service de la compréhension subtile de ma relation aux autres et à moi-même.

Et, que la force de détermination qui m’anime, je peux la mettre au service de la révélation et de l’expression de ma sagesse intérieure plutôt que de la retourner contre moi, en me grillant les ailes à vouloir trop en faire, à vouloir être aimée des autres en dehors la relation respectueuse avec eux parce que cela ne conduit pas à la paix.

Cela me touche de vous partager cela, c’est comme si je vous faisais entrer dans mon intimité. Haloha a un message très fort :

Ne te cache pas derrière ta différence, ta sensibilité, tes blessures, ne les combats pas non plus. Elles sont en toi, elles sont tes forces singulières. Incarne leur sagesse et éclaire le chemin des autres comme elles ont éclairé le tien. La gentillesse et la sagesse sont ta nature et tes forces aussi, mets-les au service de ton accomplissement, maintenant.

Je me sens profondément apaisée d’avoir déposé ces mots, Haloha dort profondément dans mon lit.

Merci Haloha

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