Jeanne, cadre dans l’enseignement supérieur

« Je suis coordinatrice pédagogique dans une école de commerce. Dès le lundi 16 mars, notre direction a décidé de passer d’un enseignement 100 % présentiel à un enseignement 100% à distance. Nous avions une semaine pour tout mettre en place. Il a fallu former des centaines d’enseignants et d’étudiants à la solution « Blackboard » ; cette application n’est pas très ergonomique. En revanche, elle est très puissante. Elle permet par exemple de créer des sous-groupes dans la classe. Elle dispose également d’un logiciel anti-plagiat et peut créer des sondages. Plus de 90% de nos enseignants sont aujourd’hui familiarisés à Blackboard alors qu’ils étaient au début plutôt réticents à l’utiliser. Après le confinement, je pense qu’ils continueront à s’en servir car c’est un outil vraiment intéressant.

En ce moment, on réfléchit aux examens : on essaye d’implémenter une solution complémentaire ; elle permet par exemple de détecter une présence dans la pièce (pour être certain que l’étudiant ne se fait pas aider) ou de vérifier le moindre signe de triche notamment sur l’expression du visage. Pour l’instant, ce n’est pas encore tout à fait au point : ça utilise beaucoup trop de bande passante et ça pose des problèmes juridiques importants, en particulier au regard de la protection des données personnelles. Mais ça ouvre aussi beaucoup de perspectives : cela nous ferait économiser les frais de surveillance ; et ce serait la fin des copies « papier ».

Pour les étudiants, ce confinement offre aussi certains avantages : ils peuvent travailler de chez eux, parfois dans leur lit ; certains restent même en pyjama. La difficulté c’est que nous avons beaucoup d’étudiants qui sont repartis vivre dans leur famille (par exemple aux Antilles ou en Inde) : cela pose des problèmes de décalage horaire. Il y a aussi les étudiants qui sont allés se confiner en oubliant leur chargeur… ou ceux qui se trouvent dans des zones blanches ou avec une connexion très dégradée. »