CHRONIQUE DU TRAVAIL DÉCONFINÉ 

    « En mars, je travaillais sur un projet à l’étranger ; on entendait ce qui se passait en Europe. Nous, on était plutôt préservés. La veille au soir du confinement, on a appris que le projet s’arrêtait net. J’étais en train de dîner. Toute la production a été rapatriée en France. Depuis, je n’ai presque plus de travail à part un projet perso. 

    Au début, j’étais content car je n’avais pas vu mes enfants depuis trois semaines. Je m’occupais de l’aîné qui est au CP. Tous les jours, on recevait des devoirs de la maîtresse sur un site dédié. Dans les premiers jours, ça allait, puis c’était de plus en plus compliqué, de plus en plus chronophage en termes de temps. J’ai pu en parler à sa maîtresse. Elle m’a expliqué que c’était normal : à l’école, les enfants ont leurs copains, les récrés. A la maison, ils n’ont pas tout ça : ils ont du mal à se concentrer car ça ne correspond pas à « l’école qu’ils aiment », qu’ils connaissent. 

    Donc au fur et à mesure, j’avais de moins en moins de temps pour travailler sur mon projet perso, surtout qu’avec le confinement, je n’avais plus de date de rendu prévue. Donc j’allais moins vite et j’étais moins efficace ; en revanche, je pouvais davantage fignoler. Et puis surtout, je travaillais de manière sporadique lorsque je ne m’occupais pas de l’aîné. Or, il y a toujours un temps de remise en route. Ce « temps de reprise », qui normalement n’a lieu qu’une seule fois par jour, se répétait plusieurs fois dans la journée. Et comme je vis dans une maison avec un jardin : je me suis mis au jardinage…  Et j’en ai profité pour installer mon bureau au sous-sol, ce que je n’avais jamais eu le temps de faire auparavant. 

    Depuis le déconfinement, rien n’a vraiment changé pour moi : je n’ai pas plus de travail car tous les tournages sont suspendus. Je pense qu’ils vont reprendre en juin et que je pourrai retravailler mi-juillet. En revanche, mon aîné est retourné à l’école lundi : donc j’ai de nouveau du temps ! »