Message de Gus : Dépassement de soi et détachement
Message de Gus : Dépassement de soi et détachement
J’ai ressenti un appel fort de partager le message de Gus ce matin.
Une fébrilité s’installe dans mon corps, les larmes montent en regardant cette photo de Gus, la dernière prise à l’automne 2024.
Gus m’a transmis de nombreux messages durant sa vie. Il n’a pas été facile d’en choisir un.
Ce sont ces mots « dépassement de soi et détachement » qui se sont imposés, avec, comme une volonté d’être ancrés au plus profond de moi.
Gus est né dans une famille de cavaliers le 9 août 2011, le jour de la Saint Amour, le jour de la journée nationale des amoureux, le jour aussi de la date de la lettre qui m’a licenciée et a mis un terme à 20 années d’expérience professionnelle.
Il était le dernier d’une portée de bébés bergers australiens.
Personne ne voulait d’adopter car il ne pourrait pas être inscrit au LOF du fait de la dominance de blanc sur son visage.
Une amie m’avait parlée de ce petit chiot. Je n’avais jamais vécu avec un chien et j’avais quelques réticences à en accueillir un dans ma vie.
La curiosité a été plus forte et, j’ai accepté d’aller à sa rencontre.
C’était un dimanche ensoleillé, il roupillait dans les bras de son humaine.
Je me suis approchée, à son sourire j’ai senti qu’aucune marche arrière ne serait possible.
Je me suis sentie instantanément aimantée à ce chiot qu’elle a posé délicatement dans mes bras.
Je ne sais pas si c’est le fait de ne pas avoir pu être mère qui m’a fait cet effet-là mais ce que j’ai ressenti à cet instant-là a été extrêmement fort, comme une fusion de cœurs, un lien qui se soude instantanément, dans une évidence de ce qui est ne laissant pas la place à l’esprit, au choix.
Gusgus, de son vrai nom, en référence à la souri de Cendrillon, venait de fracasser la carapace que j’avais mis 43 ans à construire autour de mon cœur et autour de moi. Je le compris un peu plus tard.
Dans ces mots « dépassement de soi » « détachement », je vois maintenant clairement, en chacun, les deux facettes.
L’ombre et la lumière de leurs deux énergies qui s’entremêlent pour révéler la lumière que l’on porte en soi.
Ces mots pourraient résumer, à eux seuls, le chemin de 57 années de la vie qui a été la mienne,
que Gus a éclairé, comme une rétrospective cinématographique, au travers de ces 13 années ½ d’existence à mes côtés.
Peu à peu, notre relation, ses comportements, vis-à-vis de moi, des membres de sa tribu et vis-à-vis de lui-même, ont allumé le miroir et m’a permis de voir clairement :
Ma propre hypersensibilité
L’hyperactivité qui envahissait mon corps et impulsait chacune de mes actions
La faible confiance et estime que j’avais en moi
Le fort attachement au regard des autres
L’incapacité d’être avec moi-même
La fuite à l’extérieur de moi-même et, avec le temps, la fuite de toute la richesse de mon monde intérieur
La prison érigée tant en moi, qu’autour de moi
La vie figée en moi ligotée par mon souffle retenu en permanence
La dissociation d’avec ma propre existence, la négation de moi-même
C’est la sensibilité exacerbée de Gus qui m’a frappée en premier et a cogné fort sur les parois de mon être, créant une onde de résonnance qui a, peu à peu, effrité puis, fait voler en éclat mon emmurement intérieur.
Cela ne m’a pas été facile d’être en relation avec la puissance d’un tel être car j’ai ressenti très vite une forme d’exigence de sa part, à me faire lâcher le contrôle, à changer de voie en me mettant en mouvement vers moi-même
Le contrôle était une des composantes de mon outillage de protection.
La paralysie, un état d’être envahissant ancré dans le passé.
Gus était un explorateur de la vie, profondément animé par la vie, insatiable de mouvements. Son tempérament volubile et hyperactif m’aspirait et m’emmenait dans le mouvement de la vie qu’il impulsait à chaque instant.
Arrivé dans ma vie au moment où j’avais perdu mes anciens repères dans le surinvestissement au travail, ce vide créé, il l’a rempli de tout son amour et de toute son énergie, me remettant en route après la retraite de 3 mois que je m’étais accordée auprès des chevaux.
A l’époque je ne voyais en lui qu’un fort besoin de dépense physique. Plus tard, je me suis rendue compte qu’il m’avait appris à remobiliser tout mon corps et à ressentir ce corps que j’avais délaissé les 20 dernières années.
Avec lui, croyant profondément satisfaire son besoin, j’ai repris la course à pieds, le vélo, les balades à cheval. J’ai découvert le plaisir des randonnées sans itinéraire préalablement défini. Il réactivait ma capacité à explorer le monde, à être dans le monde, à être connectée au monde, à mes envies, à mes émotions, en sortant d’une forme de confinement intérieur et de repli sur soi.
Nous avons ensemble franchi une autre marche vers mes profondeurs lorsque, dénuée de connaissance sur l’éducation d’un chien, j’ai rejoint, avec lui, une école d’éducation.
Il m’a amenée à me confronter au regard des autres, à mes exigences de perfection, à mes difficultés d’être dans l’instant, profondément connectée à lui.
Là-aussi ses exigences ont été rudes et particulièrement difficiles à vivre.
Il n’acceptait une proposition de ma part et ne la réalisait avec moi qu’à la condition que je sois là, présente à la relation avec lui, présente à mes ressentis, à mes émotions, à mes pensées.
Il impulsait l’alignement que j’avais besoin de nourrir en moi.
Je l’ai compris bien plus tard.
Dans ces instants, j’ai oscillé sur la palette des émotions, ressentant fortement l’impuissance, la paralysie de mon corps, l’incapacité à m’exprimer tellement ce regard des autres me confrontait à ma quête inconsciente et insatiable de reconnaissance.
Gus a été jusqu’à me pincer, parfois violemment, le bras qui le guidait, créant une onde de choc qui me ramenait à la relation avec lui
Gus m’a montré ce qu’est le dépassement de soi, dans la confrontation à sa vraie nature, celui qui détruit, fracasse tout un être, le fait devenir martyr et un être de souffrance.
Je l’ai vu clairement lorsque nous avons accueilli Haloha, d’un an sa benjamine. Elle était comme lui pleine d’énergie de jeu et de vie. Son jeu favori était les courses poursuites. Durant les 3 premiers jours, Gus n’a eu de cesse de répondre aux propositions de jeu de Haloha, trop heureux d’avoir une amie pour jouer. Il s’est dépassé dans ce jeu n’écoutant pas son corps pour être avec sa belle.
Le 4ème jour, Gus n’a pas pu se lever. Il n’avait pas encore 3 ans, il a été terrassé par les maux de son corps.
Les examens ont révélé une hernie discale exactement au même endroit que celle dont j’avais souffert en 2007. Après six mois de rééducation en piscine, Gus a retrouvé toute la mobilité de son corps.
Une chose avait profondément changé en lui, Gus savait désormais se poser, prendre de la distance vis-à-vis de Haloha pour se reposer, dire non à ses propositions insistantes.
Là où il m’a montré la lumière du dépassement de soi ce n’est pas seulement dans le fait d’écouter son corps, c’est dans tout l’éventail de propositions qu’il m’a faite pour que j’accède à cette sagesse du dépassement de soi, celui qui est profondément ancré sur le socle de notre sécurité intérieure, qui s’exprime dans notre profonde nature incarnée, qui nous conduit à réaliser des pas de géants sans nous griller les ailes.
Quant au détachement, il me l’a montré avec chacun de ses compagnons de vie à la maison.
Gus a été le grand frère sur lequel chacun a pu compter après son arrivée à la maison.
C’était comme si Gus s’investissait de la mission de les éduquer, de leur montrer tous les chemins de nos balades, les endroits accessibles et ceux qui étaient interdits.
Il a pris chacun sous son aile.
Cette période de fort attachement, où il pouvait aussi dormir avec eux, a eu une durée variable selon les besoins et la personnalité de chacun des chiens.
Puis, lorsqu’il considérait avoir rempli sa mission, Gus se détachait et reprenait ses balades en solitaire, gardant tout de même un œil sur nous mais, à distance.
Parfois, j’observais qu’il revenait dans ce lien d’attachement le temps d’une balade, quelques jours, puis, repartait.
J’ai vu à quel point l’autonomie se construit avec la sécurité d’un attachement nourrissant alors que la liberté d’être de chacun, en soi et dans une relation et l’équilibre d’un être, l’harmonie d’une relation, elle, naît d’un détachement à l’autre, l’attachement à l’autre n’étant plus utile, la sécurité intérieure et la confiance en soi étant suffisamment solides.
Le départ de Gus m’a invitée à vivre, à ressentir l’ultime étape de cette transformation de l’attachement en détachement au travers de la perte physique de son être tant aimé.
Grâce à tout le chemin parcouru ensemble, j’ai pu voir les cadeaux rempli d’amour qu’il me laissait dans son départ.
Avec son départ, la maison est devenue silencieuse, le calme qui y régnait était anxiogène au début pour moi, puis j’y ai vu une invitation à accepter ce silence ce calme environnemant, à lui faire de l’espace en moi, le ressentir, ne pas le fuir.
Son départ a créé un vide immense tant son énergie, sa respiration, sa présence meublait avant chacun des recoins de notre maison.
J’ai perçu cette perte physique de Gus comme une invitation à percevoir le vide creusé en moi par ce départ comme la terre d’accueil de l’incarnation pleine et entière de l’être que je suis.
C’est l’intention que j’ai posé quelques jours après son départ et l’année 2025 a répondu à mon appel en m’offrant de vivre les ajustements dont j’avais besoin pour ancrer en moi cette force de l’alignement que Gus incarnait.
Au cours de l’année 2025, j’ai vécu de nombreux dépassements de soi,
non pas dans la violence faite à mon corps, à mon esprit, à mon âme, en allant à contre-courant de moi-même,
non pas en quête de reconnaissance de ma valeur et de ma place,
non pas pour remplir des besoins d’attention, d’écoute, d’amour,
mais, dans l’accueil de mes limites, de mon authenticité, de ma vulnérabilité, de plus en plus ancrée dans mon alignement intérieur.
Merci Gus
https://www.uncoconpoursoi.com

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