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Alexandre Marsan ou l'étrangeaventure de Cyrill Vassikoff

Alexandre Marsan ou l'étrangeaventure de Cyrill Vassikoff

Publicado el 14, may, 2021 Actualizado 14, may, 2021 Cultura
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Alexandre Marsan ou l'étrangeaventure de Cyrill Vassikoff

 

     Cyril Vassikoff était un jeune homme bien singulier. D’origine slave, il avait perdu ses parents dans un accident de voiture quelques années avant notre rencontre, et il s’était installé peu après dans notre ville où il vivait modestement d’un petit héritage.
C’était un jeune homme de 23 ans, maigre et sec, toujours habillé à la diable, et qui mettait rarement le nez dehors. Dans son quartier, on ne l’apercevait qu’à de brefs intervalles, quand il sortait faire ses courses pour la semaine. Le reste du temps, Cyril Vassikoff le passait enfermé chez lui à couvrir d’une main fébrile des pages et des pages d’écriture au fil desquelles se déroulaient des aventures plus bizarres les unes que les autres. Sans doute espérait-il devenir un jour un maître du fantastique et, en attendant son heure de gloire, il vivait dans le plus grand isolement, mû par son propre univers.
     Jamais je n’aurais connu ce garçon étrange et solitaire sans la curieuse habitude qu’il avait de passer une partie de ses dimanches après-midi dans le cimetière de notre ville. Sa présence régulière dans ce lieu dont j’étais le gardien n’avait pas manqué de m’intriguer car je le rencontrais toujours en des endroits différents et jamais je ne l’avais vu se recueillir sur une tombe. Plusieurs fois, alors que je faisais ma ronde ou que j’entretenais les allées, j’avais été frappé de l’intérêt qu’il portait aux inscriptions mortuaires, allant même jusqu’à coller son nez sur une stèle pour déchiffrer une épitaphe à demi rongée par le temps. Un dimanche, l’ayant surpris à gratter la mousse qui masquait une inscription mortuaire, je décidai d’intervenir et l’apostrophai vivement. Je savais pertinemment qu’il n’essayait pas de profaner une sépulture, mais je fis semblant de me méprendre sur ses intentions afin de connaître la raison de son comportement.
En m’apercevant, Cyril Vassikoff arbora l’air penaud d’un enfant pris en faute et bredouilla quelques mots d’excuse maladroits. Lorsque je lui demandai quel besoin il avait de déchiffrer ainsi les tombes de gens qui lui étaient inconnus, il me répondit avec mauvaise grâce qu’il était écrivain et qu’il venait chercher dans le cimetière des noms pour ses personnages.

  — Si vous avez besoin de noms, pourquoi ne prenez-vous pas un annuaire téléphonique au lieu de vous donner tout ce mal ?
Cyril Vassikoff marqua d’abord un silence gêné. Visiblement, il n’avait guère envie de poursuivre la conversation, mais choqué par ma remarque, et désireux sans doute de mettre fin à cette situation, il finit par sortir de sa réserve et me répondit d’un air indigné :
  — Un annuaire téléphonique, vous n’y pensez pas ! Je ne vois pas quelle inspiration je pourrais trouver dans une liste interminable de noms énumérés dans l’ordre alphabétique. En fait, ce ne sont pas seulement les noms qui m’intéressent, mais les destins. Vous qui passez tant de temps dans ce cimetière, vous devez bien avoir constaté que quelques mots gravés sur une tombe racontent parfois toute une histoire. N’avez-vous pas remarqué par exemple comment l’amour et la mort sont souvent intimement mêlés ? Combien de fois n’ai-je pas vu deux êtres se retrouver à bref intervalle sous un même pied de terre. Regardez tous ces tombeaux et vous verrez des êtres inconsolables rejoindre dans la mort ceux qu’ils ont perdus. Or vous voyez, moi c’est cela que je recherche. Des noms qui parlent à mon imagination, des noms qui me frappent et qui m’inspirent tout un destin.
  — Et vous en avez découvert beaucoup dans ce cimetière, demandais-je d’un air amusé ?
  — Oh beaucoup non. Mais dimanche dernier par exemple, j’en ai trouvé un intéressant. C’était sur une très vieille tombe, non loin d’ici. Il y avait écrit :

                                                                                                          Loetitia Laura the beloved wife

                                                                                                                   of Sir John Chester,

                                                                                                  died September 2nd 1859, aged 22 years *

Loetitia Laura ! Quel nom plein de romantisme, non, vous ne trouvez pas ? En tous cas, moi j’en ferai l’un des personnages de mon prochain récit.
  — Et quel genre de récits écrivez-vous ? Si j’en crois votre source d’inspiration, ça doit être plutôt macabre, non ?
  — C’est vrai que la mort me fascine, admit-il. Depuis la disparition de mes parents, c’est un peu comme si je flirtais avec elle. Mais dans mes récits, elle nourrit l’élément fantastique et n’est pas forcément tragique.
  — Eh bien bonne chance dans vos recherches. Mais prenez garde à ne pas détériorer les tombes.
  — Soyez sans crainte, me lança-t-il, et gêné sans doute par mon intervention, il abandonna presque immédiatement ses recherches et quitta le cimetière.
Nous étions en janvier 1967 et l’hiver cette année-là était particulièrement rigoureux. Il fallait être un peu fou, pensais-je, pour se promener dans un cimetière par un froid pareil sans avoir rien de mieux à y faire. Mais après tout, à chacun son plaisir !

* Loetitia Laura l’épouse aimée de Sir John Chester, est morte le 2 septembre 1859, à l’âge de 22 ans

Le dimanche suivant, en fin d’après-midi, alors que je quittais ma maisonnette pour aller nettoyer les abords du cimetière, j’aperçus la silhouette sombre et élancée de Cyril Vassikoff passer au loin dans une allée. Le personnage m’intriguait singulièrement et je fus un instant tenté d’aller prendre de ses nouvelles, mais sachant son naturel peu communicatif, je me retins et continuai de vaquer à mes occupations. Fut-ce le fait du hasard ou bien avait-il sciemment fait en sorte que nous nous rencontrions, toujours est-il que nous nous retrouvâmes face à face dans la même allée ? Après les salutations d’usage, je lui demandai s’il avait fini par trouver des personnages intéressants pour ses histoires. Il m’avoua alors, l’air confus, qu’il n’avait pas fait attention à l’endroit où se trouvait la sépulture repérée la semaine précédente et qu’il n’arrivait plus à la retrouver. Amusé, je me proposai de l’aider et le conduisis jusqu’à l’emplacement où nous nous étions rencontrés pour la première fois. Je lui proposai même une binette que j’avais emportée avec moi, pour qu’il puisse enlever plus facilement la mousse qui gênait sa lecture.

  — Je vous la confie, lui dis-je. Vous n’aurez qu’à me la rapporter quand vous aurez terminé.

Il n’y avait pas cinq minutes que j’avais regagné ma demeure lorsque j’entendis frapper des petits coups précipités à ma porte. C’était Cyril Vassikoff qui revenait me voir, le nez rouge de froid, mais le regard brillant d’une excitation qu’il ne parvenait pas à contenir.

  — Alors, vous avez déniché quelque chose d’intéressant ?

— Oui, regardez ce que j’ai trouvé. Et il me montra la page d’un calepin sur laquelle il avait griffonné d’une écriture hachée par le froid les mots suivants :

                                                                                                                                          Ici repose
                                                                                                                                  Alexandre Marsan
                                                                                                                          décédé le 12 février 1927
                                                                                                                  dans sa vingt-troisième année.

Quand j’eus fini de lire, il m’interrogea du regard et, ne me trouvant sans doute pas assez enthousiaste à son goût, il ajouta :

  — Alexandre Marsan, vous ne trouvez pas que c’est un nom épatant ! Ah je sentais bien que j’allais faire une découverte lorsque vous m’avez interrompu l’autre fois. Il faut dire qu’il était bien caché. L’inscription avait presque disparu sous du lichen.

  — Et que lui trouvez-vous donc de si extraordinaire ?

  — Eh bien voyez-vous, il n’y a pas que le nom qui m’intéresse. C’était encore un jeune homme quand il est mort, et à en croire la date, 1927, il n’est pas mort à la guerre, ce qui serait commun. Moi, je m’imagine un destin tragique et je le vois très bien mourir de désespoir ou de chagrin. Peut-être un suicide. En tout cas, je lui donnerai une mort violente, qui frappe, comme son nom.

  — Si ça se trouve il est tout bonnement mort de maladie, ne pus-je m’empêcher de remarquer. Mais si j’étais vous, je me préoccuperais un peu plus des vivants, car il se pourrait bien qu’ils n’apprécient pas vos emprunts et qu’ils vous causent un jour des ennuis. Après tout, il y a tout juste quarante ans que cet Alexandre Marsan est mort et il se pourrait qu’il ait encore de la famille dans notre ville.

  — Mais je ne fais rien de mal ! protesta-t-il, indigné.

  — De votre point

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