Rendre en petites coupures son gros billet
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Rendre en petites coupures son gros billet
Ou un truc du genre
- Les trucs zen c’est bon pour les mauviettes. Rien de tel qu’un bon coup d’boule dans la tronche de qui me boursouffle.
- Gonfle, rectifia Suzy
- J’ai utilisé un synonyme.
Suzy soupira pendant que Liane semblait réfléchir mais chez Liane, sembler était le verbe qui faisait sens.
Berthe ne se découragea pas face à leur mutisme : ses griefs s’écouleraient jusqu’à épuisement de stock.
On les avait surnommées Le Trio Infernal parce qu’elles représentaient une nouvelle entrée dans le dictionnaire, une revisitation du mot « grabuge ». Le tout pour contrarier les adeptes du « trois est un mauvais chiffre car c’est toujours deux contre un ».
- Et si on l’éliminait ?
Intervention qui eut le mérite d’arrêter net la soliloqueuse.
Suzy alla même jusqu’à lancer un regard à Liane car c’est elle qui venait de s’exprimer.
- Un lundi ce serait bien. Ce serait symbolique !
Pour la peine Suzy se pencha.
- Qu’entends-tu par « éliminer » ?
- Écarter à la suite d’un choix.
- Le « choix » je vois assez bien mais c’est « écarter »qui me pose problème, renchérit Berthe, tu développes ?
Liane les regarda comme si l’évidence leur échappait, sans ajouter de commentaire.
- Tu as lancé ça en l’air pas vrai ?
- Non.
Un petit chef nous torture depuis un an maintenant. Et c’est Plastic Bertrand qui avait raison !
Berthe et Suzy ne purent qu’attendre.
- « Je m'arrête ou j’continue »
Ah ! Cette bonne vieille Liane néanmoins sa proposition méritait étude.
- Comment s’y prendrait-on ?
- Lundi 25 il y a le pot du bilan de fin de semestre où il annonce avec tant de jubilation en retenue les licenciements en résultant.
- Et ?
- On part les dernières, on lui fait la conversation - il adore être le centre de n’importe qui - on l’entraîne dehors et dans une ruelle sombre, on le zigouille.
- Dis-donc tu y as drôlement réfléchi … Excuse-moi, c’est sorti tout seul.
- Tu es excusée.
Liane cette fois prit son temps :
- « La peur mène à la colère. La colère mène à la haine. La haine mène à la souffrance. »
- Ouais mais en l’occurence il s’agit de la souffrance …
- ... On peut toujours tourner une citation à son avantage.
C’est là qu’elle assena :
- Il doit souffrir.
- Et mourir ?
- L’un n’empêche pas l’autre.
Toutes trois se regardèrent et éclatèrent enfin de rire. Que c’était bon de délirer entre copines !
Parce que c’était du délire, pas vrai ?
Photo de Couverture : Chantal Perrin Verdier avec la banque d'images/Pages, Logiciel Apple
Illustration dans le texte : la même, uniquement avec ses p'tits doigts