La

voiture s’immobilise dans le stationnement de l’hôpital et nous sortons de la

voiture pour entrer rapidement dans l’établissement. Je ne me suis pas encore

vue dans un miroir, alors je ne sais pas trop quelle est l’ampleur de mes

blessures. J’ai mal, mais j’ai l’impression que la réaction des gens qui

tournent la tête sur mon passage est exagérée. Nous arrivons à un comptoir et

la dame qui y est assise fait pratiquement un bon en arrière quand elle pose

les yeux sur moi. Mon visage est-il si amoché? Elle a les cheveux noirs et un

uniforme de travail bleu poudre et une épinglette qui indique son nom : May.

Elle

prend immédiatement un téléphone pour appeler à l’aide.

May

: Un médecin est demandé en urgence au bloc B.

Sa

voix résonne dans un interphone avec une demi-seconde de décalage. Puis, elle

raccroche et se retourne vers moi.

May

: Pouvez-vous me dire quel est votre nom?

Moi

: Rose Causivin.

May

: Vous pouvez aller vous asseoir, quelqu’un va venir vous chercher dans une

minute.

Elle

nous montre d’un geste de la main une pièce remplie de chaises et de personnes

malades, mais demande à Damien de s’entretenir avec elle pour un moment. C’est

un policier, j’imagine, il va pouvoir répondre à ses questions.

Moi

: Est-ce que j’ai le visage tout en sang?

Max

: Qu’en penses-tu?

Je

souris, évidemment que j’ai le visage tout en sang.

Damien

sort de sa poche son téléphone intelligent et ouvre l’application appareil

photo et me le donne. Je le prends et active la caméra frontale. Je fais un

saut à la vue de mon visage détruit et avec du sang partout. Pourtant, la

douleur est tolérable.

Moi

: Ça a l’air pire que c’est vraiment.

Max

: Je n’en suis pas si sûr. J’ai vu comment il t’a frappé.

Je

fais une grimace et rends le téléphone à son propriétaire.

Damien

: Rose, à propos de ce qui s’est passé tout à l’heure.

Max

: Papa, ce n’est pas le moment. Je t’expliquerai un peu plus tard.

Un

instant plus tard un médecin lui aussi vêtu de bleu poudre arrive en poussant

une civière vide et écarquille les yeux quand il me voit. Ce n’est pas si pire

que ça, ai-je envie de lui dire. Son épinglette est à l’envers, mais j’arrive

tout de même à lire un nom : Robert.

Robert

: Vous êtes Rose Causivin?

Moi

: Oui.

Robert

: Mon Dieu, mais que vous est-il arrivé?

Moi

: Lo