Une histoire à épisodes pour #LinkTober2025

Je me suis rendu dans la cuisine prétextant le besoin de boire.

J’ai surtout passé de l’eau fraîche sur mon visage.

D’un seul coup le poids des cette mission s’est abattu sur moi, à m’en faire perdre les bois si j’avais été un cerf. Mon esprit aurait pu en être balayé, vidé comme si une entité maléfique en avait bu la substance. Heureusement, nous avons un bon entraînement. Un truc pareil, quand même… On aurait dit qu’elle était passé sous la lame d’une tondeuse à gazon.

Enfin, “elle”. Nous n’étions sommes même pas sûrs.

Certaines personnes n’ont pas de jardin. Mais ils ont une pelle et un grand coffre. Eux vous diront que c’est facile de faire disparaître un corps.

Pas quand le corps est en puzzle.

Et puis, faire disparaître un corps n’est pas la même chose que faire disparaître un évènement. Il ne nous suffit pas d’enrouler quelqu’un dans un tapis en poil de fesses de putois comme des “cannoli de grand-mama”.

C’est décidé, on va dire “elle”, à défaut d’être vraiment fixés.

St Biose me rejoignit dans la cuisine, fouilla dans les placards et prépara un café. Ce qui n’était jamais arrivé en intervention. Pendant que le café coulait, il s’alluma une cigarette. Nous sommes censés effacer les traces, pas en créer de nouvelles. Mais je le regardais sans rien dire.

— Putain, qu’est-ce qui a mis cette fille en lambeaux comme ça ?

— Ce n’est pas à vous de le déterminer, répondit une voix derrière nous.

Nous avons sursauté. C’était le chef de groupe de l’équipe précédente.

— Ni comment, ni pourquoi d’ailleurs.

Qu’il reste pour nous parler, ça aussi c’était inhabituel.

Stein s’assit avec nous pour boire le café sans prêter plus attention à la cigarette de mon coéquipier. Ce qui est une gaffe pour un équipe de finition ne l’est pas forcément pour une équipe de première ligne.

Mais St Biose n’était pas non plus le dernier des crétins. L’odeur allait rester mais pas son mégot ni les cendres.

Stein nous annonça un autre truc inhabituel en terminant sa tasse de café. Son équipe restait nous donner un coup de main. Et après, nous irions tous goûter à ces fameuses cuisses de grenouilles.

Là, mes voyants auraient dû être tous au rouge. Et pourtant, non.

Le café du client était franchement bon. En tout cas, il plaisait à nos palais de néophytes. Alors nous avons décidé de prendre le petit déjeuner sur place le lendemain, avec des croissants, France oblige. Mais les roulées à la cannelle ornés de nappage au sucre et les escargots, qu’ils appellent “pains au raisins” dans la région, nous avaient franchement fait de l’œil.

— Sérieux, lança St Biose la bouche pleine, ils appellent ça des pains aux raisins ? Et pains au chocolats pour les croissants au chocolat ?

— En tout cas, leurs viennoiseries sont “vachement bonnes” !

C’est vrai, nous étions bien tombés. Pas certains que celles servies au petit déjeuner de l’hôtel soutiennent la comparaison.

— Une fois, je suis allé à Toulouse, nous expliqua Lundbeck. Là-bas, ils disent “chocolatines”.

— “Chocolatines” ?

— Ouais, pour les pains aux chocolats.

— Et les pains aux raisins ? C’est des “raisintines” ?

— J’ai pas demandé. Mais il sont capables.

— Vivement qu’on retourne à la civilisation, soupira St Biose.

Retourner à la civilisation…

Je ne suis pas toujours d’accord avec les sortie de St Biose. Le Sud de la France n’est pas si mal.

Bon, je vous l’accorde, en Provence, il n’y a pas que l’accent qui chante. Il y a aussi le vent.

En Provence, il fait chaud. Et puis le Mistral se lève. Et soudain, il fait une chaleur arctique.

Si vous préférez, il fait un temps à mettre une petite laine. Voire une doudoune et une chapka.

C’est vrai que ça tranche un peu avec l’idée qu’on se fait du climat du sud. Mais rappelez-vous que ce n’est pas non plus les tropiques.

Crédits :

Photo de couverture par Victoria Strukovskaya

Illustrations dans le texte par Daniel C. Muriot

Liste de mots fournie par Sacheen Sierro & Bernard Zirnhelt

Notice de transparence : Œuvre originale protégée par le droit d’auteur et horodatée. L’auteur en interdit formellement son utilisation à des fin d’entraînement d’IA, sans limite de territorialité et de temporalité.

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