MUR : n.m. Ce qui protège. Ce qui isole. Ce qui sépare.

Un président européen appelle en 2015 à ne pas en ériger en Europe. Mais ces laids objets n’en ont cure. Ils fleurissent, si j’ose écrire, partout. Je citerai le mur anti-migrants que les Français ont construit à Calais, payé par le Royaume-Uni.

Un joli chapeau et un ‘e’ final féminins et voilà le laid gris qui vire beau bleu. La mûre.

Doublé, il se fait plus silencieux. Le murmure. Mais pas besoin de crier pour menacer.

Une chanson contre l’Apartheid en Afrique du Sud

Le champ de murs

Ce fut d’abord une impression puis une certitude. Les murs se rapprochaient, imperceptiblement.

Le citoyen du monde le sentait. Pour lui, le mur sépare plus qu’il ne construit. Voici vingt-cinq ans, Berlin l’avait quelque peu consolé. Mais ce n’était qu’une illusion.

Les années passant, le monde n’était plus qu’un champ de murs.

Le citoyen passait son temps à les franchir ou à les contourner.

Toujours plus hauts, toujours plus laids, toujours plus douloureux.

Il n’avait même pas le talent des tagueurs pour y laisser des messages d’humanité.

Il manquait de craie pour y écrire un simple message d’amour.

Car il était fatigué. Et menacé aussi parce que les murs devenaient vivants et communiquaient entre eux.

Leur but : se multiplier et se rejoindre, en prenant soin d’écraser toujours plus d’êtres humains. Les plus féroces des bâtisseurs, les plus idiots aussi, étaient touchés.

Les murs, tels des robots dépassant leur maître, convergeaient pour ne former au final qu’un immense bloc fait de béton, de ciment, de barbelés souillés du sang et de la peur des hommes.

Photo : Massimo Bortoloni

Pour aller... plus loin

Première couverture post-Trump I du New Yorker

Les murs dans le monde en 2015 (sans doute à actualiser en 2025)

Ce texte a été écrit en quelques minutes lors d’un exercice d’écriture créative lancé par Pascal Perrat sur son site. Je vous recommande de suivre Pascal et, quand le clavier vous démange, de jouer avec les mots en suivant votre instinct.

Écrire, c’est aussi briser des murs.