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Les Doors (The Doors, Oliver Stone, 1991)

Les Doors (The Doors, Oliver Stone, 1991)

Publié le 16 oct. 2020 Mis à jour le 18 oct. 2020 Culture
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Les Doors (The Doors, Oliver Stone, 1991)

Bien que plus délicat à manier que d'autres genres, celui du biopic peut accoucher de grands films. Cependant il faut pour cela au minimum que l'artiste évoqué soit incandescent (au sens d'un artiste qui "brûle encore" en nous), que celui qui l'interprète le soit également et que le réalisateur soit particulièrement inspiré. Le film de Oliver STONE réunit ces conditions. Il s'agit d'ailleurs d'un projet très personnel noué lors de la guerre du Vietnam quand les jeunes recrues se droguaient et écoutaient les Doors pour oublier leur peur de la mort comme dans la magistrale ouverture de "Apocalypse Now" (1979) sur "The End". Oliver STONE était l'un d'eux et idolâtrait celui qui s'était construit (ou déconstruit?) dans le rejet d'être le fils d'un amiral de la marine américaine. Pourtant, s'il est incontestable que "les Doors" est centré sur la figure messianique de Jim MORRISON qui offre à ses proches des cachets de LSD comme s'il s'agissait d'hosties, il ne l'idéalise pas pour autant. L'une des grandes réussites du film est de faire ressentir au spectateur la profonde ambivalence du génie au visage d'ange mais au corps habité par la diable. La figure éminemment rimbaldienne qu'est Jim MORRISON qui va jusqu'à citer littéralement l'une des phrases les plus connues du célèbre poète français "Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens" a tout du poète maudit. Ses trips psychédéliques remplis de références littéraires et de mysticisme virent au cauchemar sataniste et à l'autodestruction programmée, ravageant tout ce (et tous ceux) qui se trouvent sur son passage: sa petite amie (pauvre Pamela-Meg RYAN écrasée par le narcissisme monstrueux de celui qui proclame en toute modestie être le nouveau Dionysos), les membres du groupe, les managers etc. Le film retranscrit avec beaucoup de puissance ces transes chamaniques, individuelles et collectives, Jim MORRISON (et son interprète complètement habité, Val KILMER) entraînant dans son sillage des foules déchaînées dans ce qui s'apparente à des grands-messes païennes (du type sabbat de sorcières). Autre aspect fondamentalement réussi du film, sa façon de retranscrire l'esprit d'une époque, celle de l'affrontement entre la jeunesse contestataire et les institutions conservatrices de l'Amérique prêtes à dégainer le big stick face aux débordements subversifs du power flower, notamment en matière de liberté sexuelle. Les provocations du "Roi-lézard" (autre titre dont s'était affublé Jim MORRISON) qui refuse de censurer ses textes dans les émissions coincées du style "The Ed Sullivan Show" sont jouissives, ses démêlés avec la police et la justice eux sont glaçants, notamment le gaz lacrymogène reçu dans les yeux pour attentat à la pudeur. Le film lui se permet un corps à corps avec l'artiste. Au détriment certes des autres membres du groupe qui sont renvoyés dans l'ombre. Mais il ne s'agit pas d'un documentaire non plus, plutôt d'une évocation, voire d'une invocation. Et c'est réussi.

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