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Shintoïsme, première religion du Japon

Shintoïsme, première religion du Japon

Publié le 2 août 2020 Mis à jour le 25 oct. 2020 Curiosités
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Shintoïsme, première religion du Japon

La question de la religion au Japon est vraiment particulière et mériterait un article complet. Mais commençons par évoquer le Shinto que l'on traduit généralement par "voie divine". Cet ensemble de croyances et de rites est directement hérité des premiers peuples animistes ayant vécu sur l'archipel et il est encore largement répandu parmi les Japonais.

 

La philosophie shinto

Il ne faut pas considérer le shintoïsme comme une religion au sens strict, mais plutôt comme un mode de vie teinté de mysticisme. Le principe fondamental du shinto, c'est le musubi, c’est-à-dire la force vitale de l’univers qui fait que tout naît, se transforme et meurt, y compris les objets que l'on qualifierait d'inanimés dans notre culture. Une pierre que l'on transforme en pointe de flèche est mue par le musubi. Le riz qui fermente pour donner du saké également. Rien ne peut échaper à ce cycle infini et encore moins les êtres vivants.

Il n'y a pas de livre saint, pas de code de conduite dans le shintoïsme, simplement soi-même et le monde. Le but de chacun est de vivre en accord avec lui-même et l'univers en suivant le musubi. Il en résulte naturellement une grande diversité de pratiques, mais qui tendent toutes vers l'harmonie.

Petite histoire du shintoïsme

Pendant des centaines d'années, les pratiques animistes n'étaient rattachées à aucune religion en particulier. Lorsque le bouddhisme est arrivé vers le VIe siècle, les Japonais ont eu une réaction qu'on retrouve souvent dans leur histoire : au lieu de chercher à combattre la nouveauté, ils se la sont appropriée. L'exemple le plus connu étant le bouddhisme zen qui est aujourd'hui largement associé au Japon. Cette nouvelle religion s'est donc répandue dans le pays en faisant de nombreux adeptes, mais sans pour autant remplacer le shintoïsme. Puisque ce dernier n'était pas vraiment une religion, la population mêlait les rites animistes avec les pratiques bouddhiques.

En 712, le kojiki, premier livre sur la mythologie shinto, est rédigé. Il retrace les mythes depuis la création du Japon jusqu'aux premiers empereurs, descendants des divinités. Le pays souhaite ainsi montrer que "sa religion" est également ancienne et possède une histoire.

 

Le shinto d'état

Presque mille ans plus tard, le Japon connaît un sursaut nationaliste et décide de mettre en place une séparation claire entre les pratiques qui relèvent du shinto et celles qui relèvent du bouddhisme. Comme la religion native du pays était très hétéroclite, il était difficile de choisir une école pour unifier la poplulation. Plutôt que d'en sélectionner une, l'État a donc décidé de créer une nouvelle branche : le shinto impérial centré sur la vénération de l'empereur, le Tennō. Ces rites directement liés à la personne impériale doivent être suivis par tous les citoyens, quelles que soient leurs croyances. Il s'agit d'unifier la population autour d'un nouveau culte typiquement japonais. Après sa défaite en 1945, le Tennō doit renoncer à ses pouvoirs politiques et reconnaitre qu'il n'est pas une divinité sur terre. Malgré cette déclaration forcée, il garde son aura religieuse et le peuple continue de rendre hommage à la famille royale qui reste profondément liée aux traditions shintoïstes.

Aujourd'hui, on distingue les temples (bouddhistes) et les sanctuaires (shinto) mais il n'est pas rare de croiser des représentations de bouddha dans un sanctuaire ou un autel shinto dans un temple. Constitutionnellement, les Japonais ont le droit de choisir leur religion et la plupart en mélangent plusieurs, considérant qu'elles ne sont pas exclusives.

Les kami

Les principales entités divines du shintoïsme sont appelées kami. Mais il ne faut pas y voir des dieux au sens occidental du terme. Les kami sont les premiers êtres à avoir peuplé la terre. Ils sont rattachés aux forces de la nature, mais vivent dans le même monde que les humains, il n'y a pas de frontière. Les Hommes sont d'ailleurs des descendants directs des kami et l'âme d'une personne peut devenir un kami après sa mort. Bien sûr, certaines de ces divinités sont plus importantes que d'autres, mais elles restent proches des humains et se comportent comme eux. Les kami ont des désirs, des défauts et c'est pour cela qu'ils ne dictent pas la conduite que doivent avoir les mortels : eux-mêmes ne sont pas exemplaires.

Les plus importants ont par contre une influence sur les événements naturels et on les prie pour éviter qu'un orage ne détruise les récoltes, par exemple. D'autres kami en revanche sont simplement rattachés à une famille et veillent sur elle. Dans les logements traditionnels, il y a souvent un petit autel dans la pièce principale. Il est là pour les ancêtres devenus kami. Les membres de la famille y déposent de petites offrandes et racontent leur journée. Le Tennō lui-même fait un compte rendu à la déesse du soleil.

Au départ, les kami sont donc partout autour de nous, mais certains ont choisi de s’installer dans des lieux spécifiques pour y être vénérés. C'est là que des sanctuaires ont été construits pour permettre d'entrer en contact plus facilement avec eux.

La mythologie japonaise

La mythologie japonaise commence dans un monde chaotique ou rien n'est vraiment défini. Le Ciel et la Terre sont semblables à un œuf. Lors de la création du monde, le "blanc" de l’œuf est extrait pour faire le ciel tant que le jaune, plus lourd tombe et crée la terre. De ce chaos vont naître des kami chargés d'organiser le monde et notamment Izanagi et Izanami. Ensemble, ils fixent les éléments et créent de nombreux autres kami. Les plus importants sont :

  • Amaterasu, kami du soleil

  • Tsukuyomi, kami de la lune

  • Susanoo, kami de l'orage

Les frères et sœurs ne s'entendant pas très bien, Amaterasu et Tsukuyomi décident de vivre dans différentes parties du ciel : c'est pour cela qu'on ne voit généralement pas le soleil en même temps que la lune.

Susanoo quant à lui est très turbulent à tel point qu'Amaterasu décide de s'enfermer dans une grotte pour lui échapper, privant ainsi le monde de lumière. Elle refuse de sortir et c'est Ameno-uzume, le kami de la gaîté qui trouve une ruse : elle pose un grand miroir devant la grotte et commence une danse érotique, amusant les autres kami présents. Amaterasu s'étonne de les entendre rire alors qu'elle a plongé le monde dans l'obscurité. "Nous avons trouvé une déesse plus belle que toi" lui répond Ameno-uzume. Jalouse, Amaterasu sort de sa grotte et aperçoit en effet une magnifique déesse. Elle doit s'approcher pour constater qu'il ne s'agit que de son reflet et pendant ce temps, les autres kami rebouchent l'entrée de la grotte. La déesse du soleil accepte alors de retourner dans les cieux si son frère en est banni.

 

Sur terre, Susanoo tombe amoureux d'une jeune fille menacée par un terrible serpent. Il tue la bête et dans son corps, il trouve une épée sacrée. En gage de paix, il décide de l'offrir à sa sœur Amaterasu. Ninigi, l'un des petits-fils de la déesse solaire est ensuite envoyé sur terre pour y régner. Sa grand-mère lui confie trois artefacts sacrés qui sont aujourd'hui considérés comme faisant partie du trésor impérial :

  • l'épée trouvée par Susanoo

  • le miroir ayant fait sortir Amaterasu de sa grotte

  • un pendentif de fertilité que la déesse portait jusqu'alors

Ninigi descend donc sur terre avec ces trois objets divins et fondera une famille qui donnera naissance à Jinmu, premier empereur mythique du Japon.

Il existe bien entendu de nombreuses autres histoires et légendes mais la partie servant à légitimer l’ascendance divine des empereurs est la plus importante.

Les sanctuaires shinto de nos jours

Si vous allez au Japon, vous pourrez difficilement éviter de voir un sanctuaire, ils sont tout simplement partout ! Certains comme le Meiji-jingu de Tokyo s'étendent sur 700'000 mètres carrés tandis que d'autres sont tout petits entre deux gratte-ciel. Mais en principe, on retrouve les mêmes éléments dans chacun d'eux.

Les torii

Pour marquer l'entrée dans l'espace sacré du sanctuaire, un ou plusieurs torii se dressent au-dessus des chemins d'accès. Normalement, il faut légèrement s'incliner avant de les franchir et s'excuser de déranger puisqu'on "entre" chez un kami. Notez aussi que le centre du chemin est justement réservé aux divinités, vous ne devez pas y marcher !

Parfois, on peut voir une corde tressée accrochée au torii. C'est également le signe d'un lieu sacré et elle repousse les mauvais esprits. Ces cordes se rencontrent aussi autour d'arbres ou rochers où les kami aiment passer du temps.

 
L'élément de l'eau

L'eau a des vertus purificatrices très importantes dans le shintoïsme. Une fois passé le torii, vous traverserez peut-être un petit pont et dans tous les cas, vous arriverez vers une fontaine nommée Chōzuya. Là vous devez vous laver la main gauche, puis la main droite et avec la louche, vous rincer la bouche (il faut recracher l'eau à côté du bassin). En pratiquant ce petit rituel, vous êtes purifié pour vous présenter devant le kami.

Prier dans les sanctuaires

Devant le bâtiment principal du temple se trouve un saisen, une boite à offrande. Pour faire un vœu, il faut faire sonner la clochette en tirant la corde, lancer une pièce dans le saisen (généralement 5 yens), s'incliner deux fois, frapper deux fois dans ses mains et s'incliner à nouveau en gardant les mains jointes le temps de formuler votre prière. Faire sonner une cloche, lancer des pièces, frapper dans ses mains, tout est volontairement bruyant : il faut être sûr que le kami nous entende et qu'il ne soit pas distrait ou en train de faire la sieste !

 

 

Les oracles et présages

Dans la plupart des sanctuaires, vous verrez des petits papiers attachés à des ficelles. Ce sont des omikuji, des prédictions de bon ou mauvais augure. Il faut généralement secouer une boite remplie de petits bâtonnets numérotés jusqu'à ce que l'un en sorte et prendre ensuite une feuille avec l'oracle correspondant au chiffre. Si c'est un bon présage, vous pouvez l'emporter avec vous. Si c'est une mauvaise nouvelle, il faudra l'accrocher aux cordelettes prévues à cet effet pour que la malchance ne vous suive pas.

 

Il est aussi possible d'acheter un ema, une plaquette en bois sur laquelle on écrit son souhait. Il faut ensuite l'accrocher sur un présentoir dédié et espérer qu'un kami passe par là et lise le vœu. Les demandes sont très variées et connaissent un pic en période d'examens quand les étudiants et leur famille viennent en grand nombre demander la réussite de leurs études. 

 

 

Enfin, les Japonais sont très friands de omamori, des petits talismans bénis par les prêtes shintoïstes. Ils se présentent sous la forme de pochettes brodées et une prière rédigée sur un morceau de papier y est glissée. Là aussi, il en existe pour toutes les situations : sécurité sur la route, bonne santé, réussite professionnelle, etc.

 

Il existe encore de très nombreux rituels, rites et croyances autour du shintoïsme. Malgré la modernité bien visible du pays, les Japonais sont restés très attachés à la culture shinto et beaucoup de traditions sont encore bien vivantes dans leur vie quotidienne. Mais on en parlera une autre fois ;)

Crédit photo : watson.de pour l'image de l'empereur.

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