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K. cadre dans une entreprise des Industries Culturelles et Créatives (#51) 

K. cadre dans une entreprise des Industries Culturelles et Créatives (#51) 

Publié le 18 juin 2020 Mis à jour le 18 juin 2020 Entrepreneuriat et start-up
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K. cadre dans une entreprise des Industries Culturelles et Créatives (#51) 

CHRONIQUE DU TRAVAIL DÉCONFINÉ 
 

« En début d’année, on m’a confiée un nouveau poste : promouvoir l’innovation. Ma société dispose d’un pôle informatique de près de 300 ingénieurs dont un nouveau pôle Innovation. J’ai commencé à imaginer plein de projets.

Un peu avant le confinement, je suis tombée malade. J’avais une bonne partie des symptômes du Covid. Je sentais que je ne pourrais pas travailler efficacement sans mon matériel habituel. J’ai pu récupérer en plus de mon portable, un écran, mon clavier, ma souris et mes enceintes. J’étais HS mais parée au confinement.

Le lundi suivant le confinement, nous avons eu notre première réunion de direction à distance. J’ai appris que tous mes projets étaient suspendus voir annulés. Je n’avais plus de budget. La priorité était donnée au soutien de la profession. En période de crise, l’innovation ne devient plus prioritaire ; or, pourtant, quand on est confronté à un bouleversement, il faut justement innover, changer nos habitudes.

A titre personnel, je vis avec ma fille de 17 ans qui souffre d’une dyslexie de cycle : elle n’arrive plus à dormir. Elle pouvait passer 27 heures sans dormir et était en souffrance. Avec l’aide à distance de spécialistes, nous avons lutté pour remettre son cycle de sommeil normal et avec lui, son alimentation. Je devais veiller à ce qu’elle dorme sept heures d’affilé pas plus, pas moins. Parfois, ça déréglait mon propre cycle ; je ne savais jamais à quelle heure elle allait s’endormir. Quand elle s’assoupissait, j’enclenchais un réveil sept heures plus tard. Je devais parfois la réveiller à quatre heures du matin. Notre quotidien était rythmé par ses couchers et ses levers. Nous nous croisions parfois. Pour l’occuper et la sortir de ses tablettes, je lui ai offert un Ukulélé dès le premier mois du confinement. Elle en jouait non-stop quand le manque de sommeil la laissait tranquille. Quand je me levais, elle se précipitait dans ma chambre, pour interpréter, fière et douée, un morceau qu’elle avait appris dans sa nuit. Elle a doucement repris confiance en elle et le goût du partage. Une semaine avant la fin du confinement, son sommeil est redevenu normal ; elle a recommencé à pouvoir s’endormir à une heure de coucher acceptable. Ce confinement nous a beaucoup rapproché. J’ai appris à lâcher prise. A mieux la comprendre. Et elle aussi a mieux compris mon quotidien. Nous avons pu traverser cette épreuve ensemble.

Malgré la présence de ma fille, j’étais très seule ; mon amoureux ne vit pas en France et est bloqué au bout du monde.

Le travail a pris de plus en plus de place dans mon quotidien. Nous réfléchissions avec mes collègues à des solutions pour être solidaires avec ceux pour lesquels nous travaillons. Je me suis demandé comment les aider à traverser cette crise et à trouver des solutions pour le futur. Grâce à la visioconférence, j’ai intégré un groupe de travail européen composé d’acteurs du secteur, tous travaillant dans l’innovation. Huit nationalités : scandinaves, français, belges, luxembourgeois, italiens... Nous avons commencé à imaginer un grand hackathon en ligne : le but était de créer des solutions en faisant travailler ensemble des personnes qui ont des idées et d’autres qui pouvaient les développer. Le challenge a été lancé en plein Covid, et en deux semaines, nous avons reçu plus de 180 projets venant de 39 nationalités. Après plusieurs semaines de travail intensif et une centaine de webinars, nous avons sélectionné 12 projets que nous continuons d’accompagner actuellement. Nous avons tous beaucoup appris et des solutions se profilent.

Comme à chaque fois que je suis sur un projet, il y a toujours un autre qui vient se greffer. On peut parler de karma ! Ainsi, en plus du challenge d’innovation, on ma confié de porter et créer une campagne nationale solidaire avec notre secteur.  Je me suis investie à l’extrême dans cette campagne. J’ai manqué d’y laisser ma santé. Mes nuits devenaient de plus en plus courtes. J’essayais de tout gérer de front : les 2 projets, ma fille, les distances avec les proches, la solidarité entre voisins… En étant à la maison, mon bureau dans ma chambre, je n’avais plus d’horaire. J’attaquais à 8h et finissait à 23h. Je n’étais jamais en mode férié ou en week-end. Je me rendais parfois compte en voyant ma fille se lever à 19h que je n’avais toujours pas mangé… Adieu applis de bien-être, adieu gym online, les applis de visio (slack, zoom, teams, skype) les avaient tout de suite remplacés. Quelques jours avant le déconfinement, les deux projets ont été lancés. J’ai pu enfin respirer.

J’ai trouvé alors que le déconfinement est arrivé de manière brutale ; j’étais choquée de voir les gens dehors. Je me suis retrouvée un peu sonné ayant l’impression d’avoir loupé quelque chose. J’ai réalisé que je m’étais tout simplement oubliée.

Aujourd’hui, je dois revenir deux fois par semaine à mon bureau. A chaque fois, je trimballe mon ordinateur et mon matériel ; ce n’est pas très pratique. Mais c’est aussi un bonheur de retrouver mes collègues et la quiétude de mon bureau. Le grand retour à plein temps se fera en septembre. Mais pour moi, ce n’est plus pareil. J’ai envie de ne plus m’oublier et de mieux équilibrer ma vie professionnelle et personnelle. Je vais changer des choses…

 

Nb : J’ai fait le test Covid : je suis négative. Je n’ai pas développé d’anticorps. »

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