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Lettre d'une inconnue (Letter from an Unknown Woman, Max Ophüls, 1948)

Lettre d'une inconnue (Letter from an Unknown Woman, Max Ophüls, 1948)

Publié le 2 mai 2021 Mis à jour le 2 mai 2021 Culture
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Lettre d'une inconnue (Letter from an Unknown Woman, Max Ophüls, 1948)

Il y a deux façons de passer à côté de la vie: soit par l'abstinence, soit par la débauche. Deux facettes d'une même pièce. Dans les deux cas, le refus de l'engagement aboutit au même vide existentiel. Ces stratégies culturellement plutôt masculines (puisque le monde émotionnel considéré comme féminin est considéré comme incompatible avec la monstration de la virilité) rencontrent bien souvent leur pendant féminin, à savoir la femme sacrificielle éduquée pour se dévouer corps et âme à un homme sans être payée en retour. Le comportement de ces femmes repose sur une illusion car elles sont convaincues que la force de leur amour finira par transformer l'homme qu'elles aiment. D'un côté "les femmes qui aiment trop" et de l'autre "les hommes qui n'aiment pas assez", deux facettes là aussi d'une même pièce, typiquement façonnée par la société patriarcale d'hier mais encore aussi d'aujourd'hui.

Stefan Zweig, peintre délicat des moindres mouvements de l'âme humaine analyse avec une finesse d'orfèvre le type de relation qui échoue à se nouer entre un homme égoïste et une femme altruiste qui fait toute sa vie une fixation obsessionnelle sur lui dans son court roman "Lettre d'une inconnue" daté de 1922. Durant sa période américaine, Max Ophüls en fit une très élégante adaptation avec Joan Fontaine et Louis Jourdan. Qu'on ne s'y trompe pas. Ce n'est pas l'amour qui est au coeur de l'histoire mais au contraire l'échec de l'amour. Et la manière compartimentée dont Max Ophüls filme ses protagonistes souligne la solitude foncière de chacun d'eux. Comme dans "Accords et désaccords" de Woody Allen, la sécheresse de coeur de Stefan Brand finit par se répercuter sur son talent de musicien (invention du cinéaste, chez Zweig il est écrivain) et il passe sur ce plan là aussi à côté de tout accomplissement. Dès l'ouverture, on comprend que la vie de ce personnage n'a été qu'un tourbillon de plaisirs (le motif de la circularité est une obsession chez Ophüls) et une fuite devant les responsabilités. La lecture dégrisante de la lettre d'outre-tombe provoque davantage que dans le roman une vive émotion, la prise de conscience de la vacuité de sa vie et peut-être pour la première fois, la décision de l'affronter en face. Le sacrifice de Lisa n'aura peut-être pas été vain même si pour un regard contemporain, il est pénible de voir ainsi une femme gâcher sa vie pour un homme qui la traite comme une passade aussitôt consommée aussitôt oubliée. Mais en voyant comment celle-ci se construit depuis l'adolescence uniquement dans l'objectif de lui plaire, comme la seule possibilité d'évasion qu'elle peut s'offrir sans jamais se soucier de se construire elle, on se dit qu'aliénation des femmes et privation d'identité vont de pair.

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