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15-Toutes les bonnes choses ont une fin

15-Toutes les bonnes choses ont une fin

Publié le 8 juin 2021 Mis à jour le 8 juin 2021 Curiosités
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15-Toutes les bonnes choses ont une fin

J'étais morose depuis ma reprise du boulot, sans vraiment savoir pourquoi. Et là, en conduisant, j'ai compris : elle m'avait volé la fin de mon histoire.

Elle, c'est Nadège. C'est une collègue arrivée en même temps que moi dans le service il y a 4 ans, grande, dynamique, pimpante, dégourdie. Installées l'une en face de l'autre dans le bureau, on est très vite passé au stade de copine puis d'amie. Je précise qu'on est différentes, avec aussi beaucoup de points communs. Mais très différentes quand même. Moi la petite brune ronde et sexy, créative et sociable, elle la grande blonde mince au style plus casual, organisée et bavarde.

Les amies se disent tout en principe. Sauf que nous en avions respectivement gardé un secret encore plus secret. TOP secret. 

Si vous avez suivi mes aventures amoureuses platoniques mais tumultueuses avec Mathieu, vous avez compris quelle place cette relation avait pris dans mon existence. J'en avais parlé à deux ou trois amies éloignées du boulot et qui, selon moi, comprendraient mes émois et ne me jugeraient pas. Concernant Nadège, j'étais certaine que, vu son côté un peu coincée côté sexe (mariée, fidèle et romantique), elle serait choquée d'apprendre que j'avais des sentiments pour mon chef marié, qui de surcroit était également SON chef. J'avais fait l'impasse sur cette confidence qui, je le croyais, m'aurait exposé à des railleries, des critiques, voire des arguments implacables pour renoncer à tout jeu de séduction avec lui.

Mais voilà que Nadège fait un craquage nerveux complet : principalement familial, en apparence (vous savez ce que c'est, décès de papa, cancer de maman, secrets de famille qui ressurgissent, couple routinier, enfant unique, crise de la quarantaine...), avec déclencheur de surmenage au boulot. Elle part en arrêt de travail, et bien sûr, on passe des heures au téléphone.

Acte 1 : la révélation

Et un jour, au détour d'une confidence, un mot en entraînant un autre, je lui dis que j'aime beaucoup Mathieu, notre chef.
Même que je l'apprécie beaucoup.
Et que je serai comme qui dirait amoureuse de lui, depuis 4 ans. 

Silence consterné à l'autre bout du fil, mais je m'en doutais. Elle est sur le cul, étonnée, elle n'avait rien vu.

Deux jours après, on s'appelle, et elle me dit qu'elle aussi elle a quelque chose à me dire. Un gros truc qu'elle n'a dit à personne. Mais que maintenant elle peut -elle doit- me dire.
Elle est amoureuse de Mathieu depuis 4 ans. 
Elle a des sentiments pour lui, ils ont une connivence, un lien intime, surtout intellectuel car platonique, mais réciproque, quelque chose de fort. Elle a même "pensé" quitter son mec, dans ses rêves les plus fous.

Là c'est moi qui suis coite. On dirait mes mots, elle décrit ma relation avec Mathieu, cette singularité, cette intensité souvent muette, ces jeux toujours ambigus, les regards qui ne trompent pas. 

Elle et moi vivions la même chose avec notre chef. Nos relations uniques et singulières se dédoublaient subitement, et de ce fait même cessaient d'exister en tant que telles : elles n'étaient plus uniques mais vécues en parallèle par deux personnes différentes. Avec le même mec.  

S'il y a des psy en herbe dans l'auditoire, (et je les vois sourire), je sais ce que vous allez dire. Si vous ne vous sentez pas psy mais que vous avez un avis sur la question, c'est quand même valable.

Elle est revenue un peu vite de son arrêt maladie, croyant que les médocs et quelques séances chez le psy l'avaient extirpé de son cauchemar. Alors ils ont parlé tous les deux, génés, je ne sais pas trop de quoi parce que je n'ai pas compris son récit plutôt incohérent, de leurs sentiments je crois -elle a entendu qu'ils étaient réciproques-, de la situation impossible, et elle s'est sentie rejetée, trahie. Le râteau, comme moi deux ans auparavant.

Acte 2. Le disjoncteur implose

Et là sa colère a pris le pas. La prise de médicament aidant, elle s'est réfugié derrière les effets secondaires de ces derniers pour justifier son état anormal. Tout s'est mélangé dans sa tête : le vrai et le faux, le non dit et l'explicite, le réel et le révé. Mais le râteau lui, était bien là. Les perspectives idyliques s'évanouissaient. Alors elle a pété les plombs, elle a souhaité couper court, couper net son histoire avec lui, avec mépris et froideur. Alos elle a déchiré les posters accrochés au mur du bureau qu'il lui avait offert, elle lui a demandé d'effacer son numéro perso et de ne plus travailler avec lui en direct. Il ne serait plus son chef. Il s'est exécuté la queue entre les jambes, sans se défendre. Mais elle a clôturé son histoire avec lui en m'incluant dedans, en me citant comme une victime de plus à son tableau de chasse, et comme étant responsable de ma dépression. Elle a parlé de moi et de mes sentiments pour lui, me citant comme un exemple étayant le fait qu'il était donc manipulateur, menteur, dragueur et lâche. Et qu'elle n'était pas folle, que c'était pas sa faute, pas "notre" faute puisque nous étions toutes les deux tombées dans le panneau du méchant loup comme des petites souris innocentes dans un trou de gruyère. 

Acte 3. Ni blanc ni noir

Je vous avoue que je comprenais sa réaction puisque j'y étais passé daux ans auparavant avec ma dépression et ma tentative de décrochage. Mais là, moi, je n'éprouvais plus de colère envers lui, je ne me sentais plus manipulée. Je pense même que Nadège et moi avons notre part de responsabilité, que cette relation comblait nos failles, nos besoins d'attention, d'amour idéal, nos frustrations dans le couple ou le manque d'écoute etc. Sauf que j'ai été amagalmée aux décisisons de Nadège et Mathieu m'a prise pour son ennemie. Moi je n'ai aucun intérêt à rompre ma collaboration professionnelle avec lui, que j'apprécie, que j'aime même. Si je dois choisir entre une relation pro enrichissante et neutre et une relation perso en demi-teinte -je te parle sans te parler de ce dont j'ai envie de te parler-, moi je choisis le pro. Nadège a opté pour le perso. Je ne pense pas qu'elle va arriver à l'oublier comme ça.

Acte 4. Elle m'a volé mon histoire

Et moi dans tout ça ? Qui m'écoute ? Où sont mes sentiments, mes ressentis ? Elle m'a volé la fin de mon histoire, ma conclusion. Je me désolidarise clairement de ce que dit et de ce que fait Nadège. Elle n'a agit que pour son compte et dans son propre intérêt, pour moi sans clairvoyance ni responsabilité et je ne souhaite pas y être mêlée. Je ne pourrais pas faire payer à Mathieu des faits ambigus, peut-être inconscients, flous mais toujours amicaux, humoristiques et bienveillants. Il n'y a aucune preuve tangible de sa manipulation, il n'a rien à y gagner professionnellement. Alors il a sûrement eu des euphories en lien avec nos "mêmes longueurs d'ondes" et aux jeux de mots spirituels au niveau personnel, il a du avoir le sentiment d'exister, de faire rire, d'êre en lien, de plaire ou du moins de charmer... mais sa tenue pro a toujours été irréprochable.

Et moi aujourd'hui je suis en manque, en manque de lui, comme un drogué sans sa came, j'ai perdu ma relation perso avec lui à cause de Nadège. Je ressens tristesse, déception et colère. Un peu comme Zelda Zanders dans la mythique scène de fin de "Chantons sous la pluie", lorsqu'en plein milieu de sa chanson, le rideau derrière elle se lève, laissant apparaitre la fraîche Debbie Reynolds qui est en train de la doubler. Non, ce n'est pas Zelda qui chante, mais une autre femme. Et tout le monde se fout de sa gueule.

Acte 5. La défiance

Je veux plus parler à Nadège, j'ai même plus envie de la voir. Je suis même jalouse de leur supposée relation.

Elle se voile la face, elle se ment à elle-même, tout comme à son mec, elle renvoit toute responsabiité sur les autres, c'est jamais sa faute à elle. Pendant 4 ans elle a été blanche comme neige, irréprochable... tu parles ! au moins moi j'ai eu les c**** de me positionner clairement, de le draguer, de le charmer, de lui envoyer des perches, des picques, des yeux doux, des sous-entendu. Je lui ai même dit "tu me plais tu m'attires" en face. Et elle, elle veut me faire croire qu'en 4 ans d'amour platonique (puisqu'elle était amoureuse de lui en secret) elle a pas alimenté la source, qu'elle n'a pas joué, plaisanté, allumé ?

Quelle salope.

Mathieu verra qu'avec le temps, la seule qui l'a aimé, vraiment aimé, c'est moi.

7. Epilogue

Un mois après ces tumultes, Mathieu est venu dans mon bureau : "je peux te parler ?"

Il venait sans le savoir m'offrir l'occasion de terminer moi-même mon histoire, de dire ce que j'avais à dire en mon nom. Il voulait expliquer pourquoi son comportement avait changé envers moi, suite aux événements. Et j'ai tout dit : mon amour pendant 4 ans, que j'ai chanté au passé, mes jeux sexy et mes gestes de drague, mes mises en garde par rapport à Nadège, mes points de divergeance, et j'ai posé des questions. Il a répondu NON à toutes : pas ressenti d'attirance ni pour l'une ni pour l'autre, pas compris qu'on avait des sentiments, pas compris que les jeux de séduction étaient plus que des jeux pour rigoler, il a tout nié. 

Alors là, je ne vais pas polémiquer sur la véracité de ses dires, la prépondérance de son inconscient ou un appétit secret pour le mensonge. Non, moi aussi j'arrête le manège, je descends avant la fin du tour. C'est son problème s'il se ment ou ne veut rien voir. Moi je décide de le croire. Une seconde fois. A ce moment là je me suis rendue compte que j'avais tourné la page, que l'amour était parti, enfin ! que mon attachement à lui avait fondu. Il était là, devant moi, peunaud, lâche, ahurri, insconscient de nos émois et ignorant des relations homme-femme.

Je lui ai dit que la seule chose que je lui reprochait c'était de ne pas avoir dit clairement non, stoip, arrête, ça ne m'interesse pas. Il se défend : il l'a pourtant fait en 2018. Mais ça n'avait rien de clair, mon vieux. Parler de barrière et de femme désirable, c'est pas un non assez clair. Et moi, quand la porte est entrouverte, je mets le pied dedans. Jusqu'à ce que ça cède.

J'avais pitié. Il n'était plus beau ni séduisant, juste normal et un peu pathétique. Le pauvre lui aussi doit avoir des casseroles bien épaisses pour en être là aujourd'hui. Mon jugement sera donc teinté de bienveillance mais sans complaisance. 

Je tire donc un trait final sur cette histoire qui résonne au passé, passé composé de je ne sais quoi de piquant, d'acide, d'amer. Doux-amer, c'est comme ça qu'on dit, mi-figue mi-raisin c'est comme ça qu'on mange , mi-cerise mi-abricot, adieu mon salaud.

FIN

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