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Chapitre 1 - 12 décembre 2007   13h 50 en temps universel

Chapitre 1 - 12 décembre 2007   13h 50 en temps universel

Published Apr 19, 2022 Updated Apr 19, 2022 Travel
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Chapitre 1 - 12 décembre 2007   13h 50 en temps universel

 Montréal – Québec - 8 heures 50- Théodora

 

     Théodora reboutonne sa veste, met son bonnet qu’elle récupère dans son sac et enfile ses moufles. Un tourbillon de minuscules flocons l’entoure dès qu’elle franchit la porte de la station de métro Outremont.

     Il ne neigeait pas, vingt minutes plus tôt sur Sainte Catherine, mais à présent le froid s’intensifie et les milliers de petits flocons qui tombent du ciel permettent à peine d’apercevoir la station Shell qui se trouve de l’autre côté de la rue.

     Théodora recouvre le bas de son visage avec son écharpe rouge. On ne voit plus que ses yeux très bleus. Elle marche à grandes enjambées dans l’avenue Wisemann ; elle a hâte d’arriver chez elle, de se changer. Elle habite à deux pas, dans un petit immeuble en briques de l’avenue Bernard mais par ce froid elle n’a aucune envie de flâner. Elle songe à la nuit qu’elle vient de passer avec Carl, à ses caresses toujours magiques, au projet de vacances en Floride dont ils ont discuté, à leur relation qui s’inscrit à présent dans la durée.

      Si on décide de vivre ensemble un jour, se dit-elle, ce sera ici ! Théodora aime ce quartier d’Outremont. Elle y a toujours vécu. Son père, comme de nombreux Québécois n’imaginait pas vivre plus d’un ou deux ans dans le même appartement. Sa mère, française, ne voyait pas l’utilité de ces perpétuels déménagements mais elle avait cédé à condition qu’ils restent toujours à Outremont. La raison principale en était la proximité de l’école française puis du collège Stanislas où elle avait tenu à ce que leur fille soit inscrite. Et dès que Théodora avait eu terminé sa formation de photographe et trouvé du travail au sein de l’équipe du magazine « Intérieurs », dès qu’elle avait obtenu son indépendance financière, elle avait cherché un petit appartement à Outremont.

     La voilà arrivée sur l’avenue Bernard. Elle se dit qu’une ou deux tranches de cake au citron et aux graines de pavot seront les bienvenues avec le thé qu’elle va boire en arrivant. Elle traverse la rue, pousse les doubles portes qui isolent le Second Cup du froid. Il ne reste que 4 tranches du délicieux cake convoité. Elle les achète mais alors qu’elle s’apprête à rentrer chez elle, un coup d’œil sur son téléphone lui rappelle qu’on est mercredi. Ce jour-là sa mère ne travaille pas. Elle a soudainement envie de passer un moment seule avec elle. Elle ne téléphone même pas, elle connait les habitudes de sa mère et sait qu’elle sera chez elle.

     La maison de ses parents, avenue Davaar, est petite mais charmante. En cette saison, avec les arbres qui ploient sous la neige, les guirlandes lumineuses qui soulignent le rebord des fenêtres, elle semble tout droit sortie d’un conte de Noël.

      Théodora s’apprête à sonner lorsqu’elle aperçoit par le garage dont un des vantaux est resté entrouvert, la voiture de son père. Elle est surprise, son père à cette heure-ci est normalement déjà parti travailler et il prend systématiquement sa voiture, son cabinet dentaire est assez éloigné. Elle est surprise également que le portail du garage soit entrouvert. Il ne l’est jamais : en été parce que les écureuils en profitent pour entrer et saccager les poubelles qui y sont stockées en attendant l’heure de les sortir, en hiver parce que le froid est l’ennemi du démarreur des deux véhicules qui sont rangés là.

      Théodora se dirige donc vers le garage pour fermer le portail mais s’aperçoit que la poignée extérieure est cassée ; on ne peut le fermer que de l’intérieur. Qu’importe, le faire lui semble prioritaire d’autant qu’au fond du garage une petite porte munie d’une combinaison dont elle a le chiffre permet d’accéder à la maison.

     Elle pénètre dans l’atelier de sa mère, la pièce préférée de celle-ci en été parce qu’une large fenêtre donne sur le jardin arrière. C’est ici qu’elle bricole, encadre ses photos, repeint des meubles…

     Elle s’apprête à entrer dans le vestibule en faisant du bruit et en appelant sa mère pour que cette dernière n’ait pas peur de l’intrusion d’un inconnu, lorsqu’elle entend parler fort. Elle colle son oreille à la porte, ne comprend pas ce qui est dit mais reconnait les inflexions de voix de ses parents. A n’en pas douter il s’agit d’une dispute. Théodora n’a pas souvent entendu ses parents se disputer ; ils forment un couple tranquille, à ses yeux du moins, et leurs disputes ont toujours pour objet une bêtise du quotidien comme un objet mal rangé que l’un des deux ne trouve pas, une tâche ménagère qui n’a pas été accomplie, un achat sur lequel ils ne sont pas d’accord.

     Elle hésite ne voulant pas être indiscrète mais elle croit entendre son nom et n’y tient pas. Elle entrouvre la lourde porte qui donne sur le vestibule, lequel donne accès au salon, à la cuisine, seules pièces du rez-de-chaussée dont aucune n’est cloisonnée. C’est un espace ouvert à la manière d’un loft. Quelques plantes vertes, quelques étagères délimitent le coin repas ou le coin salon. Brusquement les voix de ses parents lui parviennent, nettes et aussi fortes que si elle se trouvait dans la même pièce qu’eux.

- Oui, Théodora, bien sûr que je pense à elle !

- Elle n’a rien à voir là-dedans… je te quitte c’est tout !

- C’est tout ! après plus de vingt ans de vie commune ! je suis congédié comme un domestique ! Et ta fille n’a rien à y voir !

- Elle restera ta fille. Que tu… qu’elle ne soit… ne change rien, Elle ne sera pas la première enfant d’un couple de divorcés et elle a passé l’âge d’en souffrir vraiment. Je veux dire d’en souffrir au quotidien… Sois sincère, notre couple avait sombré depuis longtemps dans la routine, c’est-à-dire l’ennui.

     Théodora, le dos au mur du petit atelier de sa mère, se sent brusquement glacée. Elle veut refermer la porte et partir mais elle ne peut pas ; elle est paralysée par la surprise, par la souffrance et par autre chose dont elle n’a pas encore vraiment conscience : l’étrange manière dont ses parents ont parlé d’elle : « Ta » fille, un possessif qui se conçoit dans certaines circonstances – ta fille est idiote, sous-entendu elle a hérité de tes gènes de l’idiotie – mais a une résonnance bizarre ici. Et que signifie ce «  Que tu…, qu’elle ne soit … ne change rien » ?

      La dispute s’envenime. Il est question d’un Jacques qui est manifestement à l’origine de la décision de sa mère. Elle ne le connait pas, elle s’en moque. Une souffrance de plus en plus intense lui broie le cœur, comme si elle savait d’avance ce qu’elle apprend quelques minutes plus tard.

     Son père cesse de vociférer. Il est à présent calme, amer mais calme :

- Pars ! Pars avec lui ! soit heureuse ! Désolé de t’avoir entrainée dans la routine et l’ennui. Désolé d’avoir été le pauvre type qui t’a arrachée à ton boulot de serveuse, qui a donné un père à ta fille, lui a assuré une vie décente… Désolé de…

     Il ne continue pas ; le bruit d’une porte qui claque violemment l’interrompt.

- Il y a un voleur qui s’est introduit ici !

     Ils se précipitent. Un sachet Second Cup git par terre. L’atelier est vide mais la porte qui donne dans le garage est grande ouverte et une silhouette s’éloigne en courant. Malgré la distance, ils l’ont reconnue :

- Théodora !

                                                                                   *                                                                              

  Antibes - France - 14h50- Philippe

           À l’hôpital de la Fontonne, le jeune docteur Philippe Feodorovitch, interne en chirurgie orthopédique, a presque terminé le fastidieux travail administratif dont l’a chargé son collègue. Au travers de la paroi vitrée de son bureau qui donne sur le couloir, il voit passer Melissa ; c’est l’une des aides-soignantes du service. Elle est petite, très brune, un peu boulotte et lui voue une admiration sans borne. Philippe a 27 ans à peine, il est beau, brillant et riche. Il le sait, en use et en abuse.

         Philippe cogne sur la paroi vitrée qui ne coulisse pas pour attirer l’attention de Melissa et lui fait signe d’entrer dans son bureau.

- Bonjour Docteur, vous avez besoin de moi ? demande-t-elle tout sourire.

- Bonjour Melissa, oui, pourriez-vous aller me chercher un café ? Non, pas au distributeur, il est infâme. A la cafétéria. Tenez, voilà 3 euros … N’oubliez pas de demander qu’on m’ajoute une goutte de lait dedans, une goutte seulement, hein !

              Il retourne à son ordinateur, remplit encore des formulaires, se trompe, maugrée, recommence. Il termine son travail au moment même où Melissa revient avec le café.

- Merci, Melissa ; je vais le boire ce café mais j’aurais tout aussi bien fait d’aller le prendre dehors… Vous avez mis un temps !

                  Melissa devient cramoisie et balbutie :

- Euh, c’est-à-dire que l’ascenseur était en permanence occupé et à la cafétéria, il y avait un homme devant moi qui a d’abord demandé un croissant puis un pain au raisin, ne trouvait plus son porte-monnaie…

- La prochaine fois vous direz que c’est pour le Docteur Brunet… Mais, merci !

          Il avale deux gorgées de son café, grimace, puis tend la tasse à moitié pleine à Melissa :

- Vous irez la rendre à la cafétéria lorsque vous aurez le temps. J’ai terminé pour aujourd’hui, je rentre chez moi. Bon après-midi !

- Au revoir Docteur, murmure Melissa

             Philippe s’assoit au volant de son coupé Mercedes et sourit. Il a rendez-vous ce soir avec Pauline, la très jolie Pauline qu’il avait rencontrée à la fac de médecine de Bordeaux. Ils étaient en troisième année ensemble et se sont retrouvés par hasard cet été devant la vitrine de la librairie de Juan les Pins. Depuis ils se revoient régulièrement. Philippe apprécie sa joie de vivre, son humour…et sa beauté. Il n’empêche que lorsque sa route croise celle d’une autre jolie femme et qu’il peut passer un agréable moment, il n’hésite pas. « ça ne fait de mal à personne, pense-t-il ; le tout est de rester discret et prudent. »

                Le voilà presqu’arrivé. Comme chaque jour la mer le lave des stress de l’hôpital. Il est à quelques minutes à pied des plages de la Garoupe. De sa chambre au premier étage la vue est à couper le souffle. Il a toujours été un enfant gâté, il a toujours vécu dans des endroits magnifiques. Néanmoins il est conscient de la chance qui est la sienne d’habiter ici.

                Cette chance, il la doit à son père, ce père qu’il connait à peine, ce père qu’il aime et qu’il déteste. Charmant et charmeur, toujours en déplacement aux quatre coins de la terre, toujours en train de réaliser un affaire mirobolante… Incapable de tenir en place, incapable de s’occuper de lui, pourtant son seul fils, incapable de penser aux autres, même à ses proches.

- Ne le juge pas mal, lui avait dit sa mère six ans auparavant, alors qu’elle allait entamer sa quatrième chimiothérapie, il ne sait pas comment s’y prendre. Il m’a aimée et il t’aime…

- Oui, je le vois bien ! Il n’oublie jamais les jolis chèques de la fin du mois et celui de mon anniversaire. Il a entré la date sur son téléphone avec un rappel une semaine avant ! Il a tellement d’enfants qu’il a peur de ne pas s’en souvenir !

- Philippe ! il fait ce qu’il peut. Il n’a jamais reçu d’amour de ses propres parents et …

- Arrête, veux-tu, avec tes analyses psychos simplistes ! Mais tu as raison, je devrais me réjouir. Combien de pères disparaissent laissant leur progéniture sans un sou même s’ils sont riches ! Moi, il me laisse la jouissance de sa villa au cap d’Antibes et m’envoie chaque mois de quoi vivre largement…

- Oui, rien ne l’y oblige…

                     Le souvenir de cette conversation le traverse à grande vitesse. Il refuse de gâcher son après-midi libre. Il pousse le chauffage à fond, s’installe dans le confortable fauteuil du salon et entame la lecture d’un magazine GEO consacré à la Colombie, pays où il a l’intention de se rendre aux prochaines vacances.

                      La vie est belle finalement, le ciel irradie une lumière étincelante qui s’infiltre dans tous les recoins de la pièce, le miroir sur le mur qui lui fait face lui renvoie une image pas désagréable de sa personne. La soirée avec Pauline – et la nuit - seront parfaites. La vie est belle finalement.

                                                                                      *

     Madagascar - Karianga, région d’Atsimo Atsinana, 70 km à l’ouest de Manakara à vol d’oiseau -

      Kemba- 16h50

            Kemba court à perdre haleine derrière le ballon de Koto. Elle a distancé ses frères et même Paoly qui a 14 ans, quatre ans de plus qu’elle ! Sa mince silhouette est enveloppée d’une robe courte dont la couleur verte délavée fait songer de loin a une brindille emportée par le vent. Tout le monde dans le village sait que Kemba est parmi les enfants celle qui court le plus vite.

            Koto, qui habite dans la case voisine est son ami depuis toujours ; ils ont le même âge, sont nés à 3 mois d’écart. Un jour ils auront des enfants ensemble, ont-ils décidé. Mais pour le moment tels des chiots joueurs, ils se roulent dans la terre en riant et criant, chacun essayant de garder le ballon. C’est Koto qui l’emporte.

         Les autres gamins applaudissent le vainqueur, jouent encore un moment puis chacun rejoint sa case ; c’est l’heure d’aider les parents.

          Kemba écarte le rideau qui sert de porte à la minuscule case en falafa ; elle donne un coup de balai sur les cloisons, déplie les nattes sur lesquelles la famille va dormir, le grand-père ici, les parents là, les enfants dans le fond.  Ils sont sept : de 2 à 12 ans. La plus petite, une fille, est toujours à babena mais le soir c’est dans les bras de Kemba qu’elle dort.

            Sous prétexte d’aller voir les ruches dont elle s’occupe Kemba s’éloigne de la case et s’octroie quelques minutes de liberté.  Elle s’assoie sur un tronc d’arbre, un peu à l’écart et siffle discrètement : presque instantanément un chien surgit, un chien un peu inattendu dans la région, haut sur pattes, jaune avec des bottines et des gants blancs, une tête de berger allemand ; l’une de ses oreilles est cassée, une cicatrice barre son dos, il est maigre mais ses yeux sont plein de bonté et d’intelligence. Il s’assoit près de l’enfant et la regarde avec adoration. Elle déplie le papier roulé en cornet qu’elle tient dans sa main : il y a dedans une petite poignée de riz et trois crevettes séchées qu’elle a chapardées pour lui.

                  Ce chien est son ami depuis 4 mois ; elle l’a trouvé gravement blessé gisant sur le bord d’un chemin ; il devait avoir cinq ou six mois environ. Elle l’a pris dans ses bras, l’a rapporté au village et l’a soigné avec le miel de ses ruches qui a fait merveille ; la vilaine plaie sur son échine a cicatrisé en quelques jours. Mais les autres membres de sa famille n’aiment pas beaucoup les chiens ; celui-ci particulièrement fait peur car il est devenu très grand or les gens ici ont l’habitude de petits chiens jaunes. Le père de Kemba lui a dit qu’il était probablement le descendant d’un chien de vazaha. Alors la petite lui a demandé s’il avait déjà vu des vazaha, à quoi ils ressemblaient et s’ils étaient méchants, et pourquoi pense-t-il que le chien vient des vazaha.

            Le père a souri :

        - Oui, j’ai rencontré à plusieurs reprises des vazaha quand j’étais très jeune : j’ai travaillé pendant presque deux mois à Manakara ; ils ne ressemblent à aucun de nous mais ce n’est pas à cause de leur grande taille, de leurs grands pieds, de leur peau blanche ou de leurs cheveux jaunes ; non, ce n’est pas à cause de cela …

             Il s’est interrompu et a regardé loin devant lui cherchant ses mots. Kemba voulait en savoir plus sur les vazaha et elle l’a pressé :

            - Mais alors, en quoi ils ne nous ressemblent pas ?

            Le père s’est gratté la tête :

         - D’abord, ils sont toujours pressés. Je me demande même quelquefois s’ils ne sont pas pressés de mourir ! Toujours plus vite pour tout, incapables de s’assoir dans un coin et de laisser la bonne chaleur les pénétrer et la satisfaction du repos les envahir … Et ils sont exigeants…

               - Exigeants comment ?

            - Rien n’est jamais assez bien selon eux : mon ami Rajaony était menuisier à Manakara et il me disait que chaque fois qu’un vazaha voulait acheter une chaise, elle était trop basse ou trop haute. L’un d’entre eux lui avait dit un jour qu’il y a en France une hauteur fixée pour toutes les chaises. Mais c’est incroyable, non ? Car même s’ils sont généralement grands, il existe pourtant des vazaha de petite taille ; et leurs femmes s’assoient aussi, n’est-ce pas ? Pourtant elles ne sont pas aussi grandes que les hommes. Il m’a aussi raconté qu’un vazaha avait refusé une table parce que l’un des pieds avait un pouce de moins que les trois autres.

                 Et le père a brandi son pouce en secouant la tête d’un air navré.

                 - Pressés et exigeants, répéta Kemba d’un air rêveur. J’aimerais beaucoup en rencontrer un.

                - J’oubliais ! Colériques ! ils peuvent entrer dans des fureurs incroyables… pour rien la plupart du temps. Cela peut-être pour une table qui a un pied à peine plus court que les autres alors que tu arranges le problème avec une cale en quelques minutes. Mais quand même ils savent faire beaucoup de choses…

                   - Quelles choses ? Des voitures ?

                -  Non, ces choses-là, peut-être que ce sont eux qui les ont fabriquées mais elles ne leur servent qu’à aller encore plus vite, toujours plus vite. Je ne trouve pas que ce soit intéressant.

                     - Alors ?

                    - Ils savent soigner et guérir. Ils ont des docteurs très savants et des médicaments très efficaces. Rajaony lui-même en a convenu lorsqu’ils ont sauvé son fils qui a eu une maladie très grave…

                         - J’aimerais bien en rencontrer un, soupira à nouveau Kemba

                     Le père a éclaté de rire :

                        - En attendant, va aider à trier le riz !

                        - Mais tu ne m’as pas dit pourquoi tu pensais que le chien que j’ai trouvé était un chien de vazaha…

                      - Tout simplement parce que j’ai croisé à Farafangana à deux reprises des vazaha qui se promenaient en voiture avec leur chien à l’arrière. C’étaient des chiens comme je n’en avais jamais vus auparavant ; j’ai même demandé si il s’agissait bien de chiens et non pas d’un animal inconnu. Ils étaient énormes avec des oreilles pointues et un air méprisant …

                          - Méprisant ?

                  -  Oui, je t’assure que ces chiens se comportaient comme des rois, assis dans leur voiture, regardant fixement devant eux comme si les gens n’existaient pas. Ce chien qui te suit est grand, il a les oreilles pointues, enfin, une oreille pointue et un air un peu fier. Il ne ressemble pas à nos chiens. Je pense qu’il est croisé avec un chien de vazaha.

                           - Alors je vais lui donner un nom vazaha. Tu en connais un ?

                            - Bonjour… Merci… Je m’appelle… Il s’appelle…

                              Et le père prononça le s à la malgache c’est-à-dire que le S tirait plutôt sur le CH

                             - Chapel ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

                              - C’est pour dire le nom de quelqu’un

                               - Le chien s’appellera donc Chapel...

                         Kemba se remémorait cette discussion qui avait eu lieu il y a quatre mois lorsqu’elle avait trouvé Chapel.

                             - J’aimerais bien rencontrer un vazaha, dit-elle tout haut à son chien. Koto dit qu’il aurait peur, moi non ; ils doivent être drôles avec leur peau couleur du lait. Et même j’aimerais bien en voir un en colère, pas contre moi bien sûr, mais je me cacherais derrière un arbre et j’observerais !

 

 

 

 

 

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