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Spotlight: Grant Morrison et la rupture du quatrième mur

Spotlight: Grant Morrison et la rupture du quatrième mur

Published Jul 17, 2019 Updated Sep 25, 2020 Culture
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Spotlight: Grant Morrison et la rupture du quatrième mur


 

La British Invasion de l’industrie des comic books a apporté son lot d’auteurs révolutionnaires. Adorateur des « capes et collants », Grant Morrison transcende la manière d’écrire traditionnelle.

Tel un sage exposant des mythes rituels pour la vertu de la société, l’écrivain écossais fait son nid depuis trois décennies dans la sphère super-héroïque. Son storytelling s’apparente au dadaïsme, au mysticisme de Bergson et au surréalisme de Breton. Un auteur engagé dans la politique, opposé au thatchérisme, il fait référence à ses revendications dans un grand nombre de ses ouvrages.

30 ans dans les comics, c’est un répertoire riche en personnages et récits uniques et profonds de sens. On retrouve un tour de force de l’univers DC avec 52, co-écrit avec Geoff Johns. Il scénarise les péripéties de trois animaux de compagnies, qui se trouvent être aussi des cyborgs assassins dans We3. Son run sur X-Men prend sa source sur une réflection du traumatisme du 11 septembre.

En bon touche à tout, l’étoile Morrison brille d’autant plus dans ses travaux touchant des concepts plus étrangers aux comics. Avec une narrative méta et un quatrième mur solide comme du papier-mâché, « l’Avatar de la Pop » questionne la réalité et le temps à travers le monde extravagant des super-héros.

 

« Tu ne me contrôles pas. »

Commençons par une courte expérience. Elle vous aidera à mieux comprendre l’écriture en abîme. 

Considérez cela : vous êtes assis(e) sur votre chaise avec votre ordinateur en face de vous. Après avoir ouvert Chrome et Panodyssey, vous avez cliqué sur la vignette de cet article par curiosité. Vous suivez chaque mot se présentant devant vos yeux. Ayant atteint cette partie du texte, vous commencez à contracter vos sourcils, interpellé(e). Un léger sourire en coin s’affiche sur votre visage. Les yeux élargis, amusé(e) par la situation, vous exhalez du nez et regardez votre webcam, l’impression d’être observé(e)… 

Toujours avec moi ? Bien sûr cet essai à la mise en abîme ne demeure pas indéréglable. Mais ce style d’écriture méta, Grant Morrison l’a perfectionné.

Imaginez que j’exerce un contrôle absolu sur vos pensées, vos actions ou vos choix. Vous êtes ma marionnette dans le spectacle de la vie, et dans le cas présent, votre vie. 

L’écrivain de Glasgow exploite cette idée dans son interprétation d’Animal Man paru en 1988. Son premier travail pour DC Comics suit les aventures de Buddy Baker. Il a la faculté d’absorber les capacités des animaux qui l’entourent. La particularité du comics, qui a ensuite convaincu les éditeurs des dons de l’auteur, c’est son insertion en tant que personnage. Au numéro 26 - le dernier écrit par Morrison - il se présente à Animal Man comme le responsable de tous les malheurs du héros. A la différence du vilain manipulateur classique, son influence intervient jusqu’au moindre geste qu’effectue Buddy, ainsi que les plans dépeints sur la page du comic book.

 

 

« J’étais l’un de ces personnages… »

Et on penserait qu’il n’y a que Deadpool qui brise le quatrième mur.

La conscience de soi est une autre spécialité de Grant Morrison. Vous apprenez que vous vivez dans un monde entièrement présent dans des comic books. Comment réagiriez-vous ? Par la folie? La crise existentielle ? Ou allez-vous vivre avec ce savoir et en tirer profit ?

Une tendance des auteurs est de donner à leur personnage un côté méta à travers des références plus ou moins subtiles. Deadpool ou Miss Hulk pour Marvel et Harley Quinn chez DC sont populaires pour leur capacité à s’approprier le médium des comic books, en citant la notation de la page ou un précédent numéro de la série. Mais cela reste des références.

Grant Morrison passe à l’étape supérieure et construit son histoire sur cette notion.

Son récit le plus méta apparaît dans les pages de Flex Mentallo, spin-off de son merveilleux run sur Doom Patrol, publié en 1996. Surnommé « le Héros de la Plage » et « l’Homme du Mystère Musculaire », Flex est un hommage vivant aux publicités de Charles Atlas. Né de l’imagination du jeune Wally Sage, il peut modifier la fabrique de la réalité en contractant ses muscles.

Sur des bases post-modernes, l’intrigue entrecroise la perspective du protagoniste et de son créateur mourant dans un monde aux frontières de l’apocalypse. Sous la surface de l’histoire, on retrouve une critique des fictions sombres, linéaires et mimétiques des années 80. La trame s’ouvre à l’ontologie. La dépression peut être surmontée par l’imagination.

 

 

 

« Imaginez comment je perçois votre monde tri-dimensionnel… »

Vous lisez votre comics favori. Vous vous passionnez pour les personnages, la trame du livre, le travail de l’artiste etc… Il vous prend soudain l’envie de revenir à un moment du récit qui vous plaît en particulier. Vous tournez les pages, avancez ou reculez dans l’intrigue pour retrouver ce moment précis.

Félicitation, vous venez de voyager dans le temps. Du moins, vous l’avez fait dans le contexte du comic book.

Comme pour les livres ou les films, vous contrôlez la progression de l’histoire. En d’autres termes, une entité omnisciente qui ne peut intervenir dans le comics. C’est plutôt flatteur à savoir.

Concept très métaphysique, Grant Morrison en fait la caractéristique du Captain Atom dans Pax Americana, son pastiche de Watchmen, publié en novembre 2018.

Exit la guerre froide et place au climat politique de l’après 11 septembre. Après avoir involontairement tué son père à un jeune âge, le jeune Harley se voit frappé du sceau de la connaissance par un Captain Atom venu du futur. Ce gain de savoir le pousse à former les Sentinelles de la Justice et à mener une candidature présidentielle.

Le thème principal du livre diffère de la paranoïa de Watchmen. Morrison se concentre ici sur la théorie du complot, très présente après les évènements de 2001. Pourquoi Captain Atom est-il intervenu dans l’enfance du jeune Harley? La réponse est simple. A la différence du Dr. Manhattan, Allen Adam voit son monde comme un comic book. Toute la continuité temporelle s’affiche devant ses yeux, case par case. Cela lui permet de voyager à n’importe quel point de l’histoire. Il possède notre omniscience, allant même jusqu’à s’adresser à nous. Son intervention engendre la succession des évènements de Pax Americana.

 

 

Grant Morrison brise la barrière séparant le comics de notre plan d’existence. Les super-héros paraissent plus réels que jamais entre ses mains. Mais vous aussi jouez un rôle dans tout ce chaos. Vous êtes le narrateur de son récit. Chaque case, chaque mot n’attendent que vous pour être déchiffrés. Il ne vous reste qu’un pas à fra

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